A propos de The Anthropologists, entretien avec Aysegül Savas

26 juillet 2024 -

The Anthropologists d'Aysegül Savas raconte l'histoire d'Asya et de Manu, un jeune couple qui quitte leur pays d'origine pour construire une vie commune dans un nouveau pays anonyme. Ils y observent les habitants et commencent à se construire une culture sur mesure alors que tout est alors possible pour eux.

 

The Anthropologists, un roman d'Ayşegül Savaş
Bloomsbury Press, 2024
ISBN 9781639733064

 

Amy Omar

 

Il y a une beauté à mettre en lumière le banal qui semble empli d'émotions. C'est peut-être pour cette raison que j'ai été attirée par le nouveau roman d'Ayşegül Savaş, The Anthropologists, bientôt en librairie. Parce qu'il me plonge dans une phase similaire de ma vie. Comme Asya et Manu, je suis avec un partenaire avec lequel nous venons de villes différentes et nous avons décidé de vivre dans un endroit qui n'est pas de notre culture d'origine. Lorsque vous prenez ce genre de décision, il n'y a plus de règles. Il n'y a pas de belles-mères qui descendent la rue pour cuisiner avec vous le week-end. Il n'y a pas de rassemblements religieux. Personne ne surveille votre consommation de produits interdits parce que ce sont des vices. Vous êtes libre de vivre la vie que vous voulez. Mais, au-delà de la liberté, en tant qu'êtres humains, nous sommes attirés par la routine, par les rituel. Ces rituels, qu'ils soient choisis ou transmis, nous donnent une raison d'être.

The Anthropologists est publié par Bloomsbury.
The Anthropologists est publié par Bloomsbury.

Savaş est connue pour son style d'écriture "discret", souvent centré sur un protagoniste observateur, comme en témoignent ses nouvelles et ses précédents romans, Walking on the Ceiling (Transparence de la lumière en français, 2019) et White on White (2021). Dans la lignée de ses deux premiers romans, The Anthropologists nous replonge dans son univers d'observateurs, voire de voyeurs. Nous faisons la connaissance d'Asya et de Manu, un jeune couple marié vivant dans une ville qui leur est étrangère, alors qu'ils tentent de s'y enraciner. Dans cette ville sans nom, aux personnages culturellement indéfinis, Aysa observe les rituels autour d'elle, curieuse et ouverte aux possibilités apparemment infinies de définir sa vie et celle de Manu.

Savaş est une femme du monde ; originaire de Turquie, elle a vécu dans de nombreux pays. Paris, où elle réside actuellement, est l'endroit où elle a vécu le plus longtemps et qu'elle appelle aujourd'hui son chez-soi. Sur Zoom, depuis nos domiciles respectifs (moi à New York et elle à Paris), nous avons parlé de l'importance à donner à ce qui semble banal, La Nouvelle Vague au cinéma et de capturer les phases transitoires de la vie. Les Anthropologues a été publié par Bloomsbury Press le 9 juillet 2024. Cet entretien a été édité pour des raisons de longueur et de clarté.

 


AO : Votre troisième roman The Anthropologists fait suite à la naissance de votre premier enfant. Vous êtes-vous posée des questions sur votre travail en devenant maman ?

AS : Je ne me suis jamais demandée pourquoi j'écrivais, mais je me suis posé la question lorsque j'étais en train d'éditer The Anthropologists. Je me suis demandée comment je pouvais m'identifier à ces personnages qui fument et ont de longues discussions. Je me suis demandé Qui a écrit cela ? Qui a le temps de s'occuper de tout cela ? Le point positif, c'est que je sais maintenant beaucoup mieux quelles sont mes priorités - je veux écrire à temps plein et cela m'a permis de clarifier que c'est tout ce que je veux faire avec le peu de temps que j'ai.

AO : D'une certaine manière, vous vivez la version future des personnages de The Anthropologists.

AS: Je pense que c'est vrai pour beaucoup d'écrivains, leurs personnages grandissent, mais ils sont toujours en retard de quelques années. Dans Walking on the Ceiling, j'ai écrit sur un personnage qui avait une vingtaine d'années, et j'arrivais à la fin de la vingtaine. Dans White on White, j'ai écrit sur une étudiante a une licence, et maintenant j'écris sur une étudiante qui a obtenu son master. La prochaine fois, j'écrirai probablement sur un trentenaire.

AO : The Anthropologists est né d'une nouvelle publiée dans le New Yorker en 2021, "Future Selves", comment vous est venue l'idée initiale de cette histoire et pourquoi avez-vous décidé d'en faire un roman ?

AS : J'ai écrit la nouvelle très rapidement, ce qui n'est pas le cas en général. D'habitude, j'écris très lentement. Mais l'orientation morale était si claire que je savais exactement où j'allais. Je voulais explorer ce sentiment que l'on éprouve lorsque sa propre vie se déroule si bien et que l'on côtoie ensuite la tragédie. Cela peut sembler cliché, mais je l'ai écrit d'une traite. J'avais le sentiment d'avoir une direction si forte que je me suis dit pourquoi pas?

Lorsque j'ai commencé à développer "Future Selves" et à en faire The Anthropologists, j'avais beaucoup plus à dire sur le thème de comment faire sa vie en tant qu'étranger. J'ai utilisé la recherche d'un appartement comme squelette pour contenir et explorer ce sujet.

Dans l'histoire, mais aussi dans ma propre vie, j'ai ressenti cette nostalgie d'un passé très proche où l'on est jeune et sans responsabilités, mais où l'on est aussi adulte. C'est ce moment vous pouvez payer votre propre loyer, vous savez où vous allez professionnellement, vous n'avez pas d'enfants et vous ne payez pas de prêt immobilier. Vous avez peut-être quelques amis qui sont prêts à sortir spontanément, mais vous savez tous que cela ne durera qu'un temps. C'est à ce moment-là que j'ai su que je voulais écrire ce roman.

AO : Si l'on revient au thème de faire sa vie en tant qu'étranger, vous êtes vous-même turque et vous avez vécu dans de nombreux endroits différents. Depuis combien de temps êtes-vous à Paris ?

AS : Je vis à Paris depuis douze ans, je n'ai jamais vécu au même endroit aussi longtemps. J'habitais auparavant en Californie et lorsque mon mari, qui est chercheur, a eu une offre d'emploi à Paris, nous nous sommes dit que nous parlions tous les deux français et nous avons donc décidé de déménager. C'était plus proche de nos deux pays d'origine sans être nos pays d'origine eux-mêmes. J'ai beaucoup d'amour pour cette ville et, même si j'ai l'impression d'y être chez moi, je me sens toujours étrangère. Mais vous savez, si je retournais à Istanbul, je me sentirais aussi étrangère. C'est ce sentiment de se sentir en grande partie chez soi dans de nombreux endroits, mais pas entièrement chez soi.

The Anthropologists est très autobiographique, car j'ai toujours grandi dans des endroits différents. Je suis mariée à un Letton et bien qu'il soit mon partenaire dans la vie, nous savons aussi que nous ne nous intégrerons jamais vraiment dans le pays d'origine de l'autre. Il y a cette angoisse de vouloir créer quelque chose qui ait du sens et que ce sens ne nous soit pas imposé. Comme, par exemple, une fête que nous devons célébrer parce que nos familles la célèbrent. Alors que nous voulons au contraire quelque chose d'authentique et d'important pour nous.

J'ai également une formation en anthropologie, ce qui me permet d'observer la vie et les habitudes à la manière d'un ethnologue. J'accorde de l'importance à ces tout petits aspects de la vie quotidienne. Quels sont les valeurs et les rituels spécifiques qui rassemblent les gens dans un lieu étranger et qui ne font pas de nous des êtres flottants et sans culture ?

Lorsque j'écrivais ce roman, je demandais à tout le monde ce qu'étaient leurs rituels dans la vie, quelles sont les choses qui donnaient un sens à leur vie? Beaucoup de nos amis sont laïques, citoyens du monde, et me disaient de prime abord qu'ils n'avaient pas de rituels. Et puis, ils évoquaient des choses comme la pizza du vendredi soir ou quand nous sortions fêter la publication d'un ami écrivain dans tel restaurant.Ce sont de véritables rituels. C'est ainsi que l'on crée une culture.


AO : La vie à Paris a-t-elle influencé votre écriture ? Je sais que votre premier roman, Walking on the Ceiling (Transparence de la lumière en français) se déroule à Paris.

AS : Lorsque j'ai emménagé à Paris pour la première fois, j'ai été tellement enchantée par la ville que j'ai tout de suite commencé à prendre des notes et j'ai voulu les mettre dans un livre. Walking on the Ceiling témoigne d'une impatience et d'un amour extrême pour la ville. Dans mes autres romans, j'ai cessé d'être une étrangère et les sites m'ont semblé moins enthousiasmants.

AO : A la fois White on White et The Anthropologists se déroulent dans des villes sans nom.

AS : Je voulais me concentrer sur un sentiment universel d'éloignement, plutôt que sur l'expérience spécifique d'un immigrant ou sur l'atmosphère d'une ville spécifique. Je m'intéresse davantage à l'expérience de l'éloignement ou à l'expérience de la recherche d'une identité qu'à l'expérience qu'une ville en particulier offre à ses habitants.

AO : J'ai trouvé intéressant que vous ayez pris la décision de donner des noms à vos personnages, dont certains m'ont semblé identifier des cultures, comme Asya, Ravi, Manu, mais sans jamais identifier les cultures d'où viennent ces "étrangers" et sans non plus désigner l'endroit où ils vivent.

AS : Asya peut être un prénom turc, mais il est aussi originaire des Balkans. Je suis souvent à l'affût de noms géographiquement ambigus. Je les note chaque fois que j'en entends un, mais en même temps, aucun nom n'est à 100 % issu d'une seule culture. C'est la même chose pour Manu. Son nom n'appartient pas à une seule partie du monde, il peut provenir de plusieurs endroits. C'est juste assez pour donner l'impression que ces deux personnages sont étrangers à la culture de l'autre, tout en laissant cette culture-là mince, mais aussi ouverte à une poignée d'endroits différents.

AO : Est-ce que vous considérez Asya comme une anthropologue des autres, qui applique leur mode de vie au sien, ou cherche-t-elle plutôt à définir sa propre existence et celle de Manu ?

AS : Je pense que c'est les deux. Ils ont leur propre façon de vivre, mais elle est aussi à l'âge où tout est possible. Pourquoi ne pas avoir pour rituel d'aller se promener tous les vendredis matin au lever du soleil ? Vous avez ce niveau de curiosité et d'énergie dans la vie. Elle cherche des choses qu'ils pourraient intégrer dans leur propre vie.

AO : C'est aussi une source d'angoisse pour elle, parce qu'elle remet en question la façon dont ils vivent. Que se passe-t-il lorsque vous créez votre propre culture à partir de rien ?

AS : Exactement, elle envisage toujours une meilleure version de leur vie. Devrions-nous vivre dans cette maison parce qu'elle nous donnerait cette sorte d'identité ? Sommes-nous le genre de personnes qui vont au marché du dimanche ? Ou sommes-nous du genre à nous mêler aux voisins d'une lointaine banlieue résidentielle ? Bien sûr, il n'y a pas une seule bonne réponse à ces questions. C'est plus simple quand on est marié à quelqu'un de son pays et que l'on suit un certain rythme de vie, plutôt que d'être constamment en contact via FaceTime avec une communauté dispersée dans le monde entier. Asya et Manu considèrent qu'ils sont issus de cultures différentes et qu'ils ont créé un monde pour eux-mêmes. Ils mènent une vie très différente de celle de leurs parents et se demandent s'ils devraient en profiter pleinement ou s'engager dans d'autres voies.

AO : Le roman comporte une section intitulée "Langues indigènes" dans laquelle Asya et Manu se comprennent mieux en apprenant des mots de la culture de l'autre. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

AS : Il y a vraiment des mots que j'ai appris à mon partenaire en turc parce que je ne trouvais pas d'équivalent en anglais. Mais en même temps, je vois même des couples dont la seule langue est l'anglais créer une langue qui leur est propre avec des termes d'affection l'un pour l'autre. C'est leur propre langue. Et c'est si difficile à exprimer, mais il faut appartenir à cette tribu pour comprendre et pouvoir parler dans le bon registre. C'est mon frère qui m'a dit pour la première fois que mon mari et moi avions sur un ton différent quand nous nous parlons. Je me suis rendu compte que nous avions une voix plus aiguë et que nos mots affectueux paraissaient probablement totalement insensés aux yeux des gens de l'extérieur.

C'est drôle, maintenant que j'ai un bébé, je ne trouve plus ça gênant de parler à un bébé avec une voix de bébé, mais c'est vraiment gênant de le faire avec son partenaire. Pourtant, nous sommes toujours en train d'adapter nos registres pour parler à des personnes différentes. J'aime tellement Asya et Manu pour leurs bizarreries et leurs côtés idiots, mais je ne voulais pas les ridiculiser ni même faire toute une histoire de quelque chose de tout à fait banal. Il s'agit plutôt d'une observation sur la façon dont les gens s'ancrent dans un lieu ou une personne.

AO : D'un point de vue anthropologique, Asya et Manu sont simplement des humains qui créent leur propre langage et leur propre façon de communiquer avec l'autre pour définir leurs émotions.

AS : Oui, exactement.

AO : J'aime beaucoup la façon dont vous saisissez la simplicité et la banalité d'une jeune relation et des vies qui l'entourent. Cela ressemble presque à un film français, ça me rappelle notamment le travail d'Agnes Varda dans Daguerréotypes, tout particulièrement quand Asya tourne un film dans le parc.

AS : Lorsque j'ai écrit le personnage de la Grande Dame, j'ai pensé à Agnès Varda. Nous vivons près de l'endroit où elle a vécu à Paris et tout notre quartier est comme une lettre d'amour à Varda. Il y a une salle municipale avec un mur entier de dessins de ses films.

Alors que j'écrivais The Anthropologists, je me suis dit : "Et si elle apparaissait dans ce roman ? Et si elle avait était en vie alors que j'habite ici et que je pouvais la voir au café. Et si Asya, qui est réalisatrice de documentaires, la rencontrait sans cesse ? Si nous avions demandé à Aysa quelles étaient ses sources d'inspiration, elle aurait répondu Varda.

AO : Je suis ravie d'avoir relevé ce point ! J'ai tendance à me demander, lorsque je lis différents romans, quelles ont été leurs influences.

AS : Vous connaissez ce film d'Éric Rohmer, le très, très court, sur cette jeune étudiante dans un parc ?

AO : Nadja à Paris?

AS : Oui, exactement. Pendant que j'écrivais, je me disais que c'était tellement banal, qu'elle prenait un verre au café et courait ensuite à l'université. C'est un film tellement beau et en plus, malheureusement, ce qui me tue c'est que c'est son premier film, je crois.

AO : Est-ce que vous connaissez le cinéaste Hong Sangsoo ? Comme Rohmer, il se passe tout et rien dans ses films. Il prend la vie quotidienne et la rend importante.

AS : C'est le type de film et de livre que je préfère - un film qui se concentre sur la vie quotidienne, qui ne la déprécie pas et qui ne dit pas "ce n'est pas important d'écrire à ce sujet". L'objectif est de décrire la vie quotidienne à un point tel qu'elle retrouve sa poésie et nous montre la façon dont nous vivons et dont nous donnons un sens à des actions simples. Je demandais à mes amis quels étaient leurs rituels et beaucoup m'ont dit comment ils faisaient leur café le matin. Le fait que, pour beaucoup de gens, la première chose que l'on fasse le matin soit un rituel, c'est assez émouvant en soi.


AO : Dans votre introduction à l'ouvrage de Tezer Özlü, Les Nuits froides de l'enfance, vous parlez de votre inscription à un cours de littérature turque dans le but de trouver votre voix, mais vous expliquez ensuite comment la lecture d'Özlü vous a donné confiance en vous pour poursuivre sur votre propre voie. Je suis curieuse de connaître cette pression que vous vous êtes imposée au début et qui vous a poussé à revenir à la littérature turque.

AS : À un moment donné, je me suis demandée : ai-je l'obligation d'être une écrivaine turque ou ai-je l'obligation d'écrire sur certains sujets ? Mais cette littérature m'est tout à fait étrangère. L'essentiel de la littérature turque est ottomane et cette langue a changé du jour au lendemain. Même si j'ai fait mon lycée en Turquie, je n'ai jamais lu les classiques. J'ai eu un professeur de littérature extraordinaire qui nous résumait les classiques parce que nous ne pouvions pas comprendre le texte écrit. Lorsque vous commencez à lire des œuvres de l'ère post-républicaine, l'histoire de la littérature est très courte et vous ne les apprenez pas en tant qu'œuvres littéraires mais parce que leur but est de représenter la Nouvelle République et ses idéaux.

Il est donc difficile pour une jeune femme de lire de la littérature à laquelle elle ne s'identifie pas vraiment. Lorsque j'ai lu Özlü pour la première fois, je n'arrivais pas à croire que je n'avais jamais entendu parler d'elle. C'était une auteure à laquelle je pouvais m'attacher. Lorsqu'on m'a demandé d'écrire l'introduction, j'ai paniqué parce que je ne savais pas du tout comment la situer dans le canon de la littérature turque. C'était un tel poids et une telle responsabilité, car je ne connaissais pas moi-même ce canon, je n'en faisais pas partie. Je devais donc trouver un moyen de la situer, mais aussi de dire que c'est une auteure qui m'a parlé. Elle est un exemple qui montre que la littérature ne fonctionne pas parce qu'elle s'inscrit dans une histoire linéaire, mais [au contraire] parce qu'elle inspire et touche ses lecteurs et que chacun crée son propre canon à mesure qu'il devient écrivain, lecteur et artiste.

AO : Il est très intéressant de constater que les traductions en anglais de la littérature féministe turque radicale ont connu un regain d'intérêt ces dernières années.

AS : Transit Books publie actuellement [une traduction anglaise de] son deuxième roman, Journey to the End of Life. Au départ, je voulais traduire les œuvres d'Özlü, mais mon éditeur m'a suggéré qu'il serait plus intéressant d'écrire sur elle plutôt que de traduire ses œuvres. Et puis, des années plus tard, on m'a demandé d'écrire une introduction aux Nuits froides de l'enfance.

AO : C'est intéressant de voir comment l'univers réagit lorsque vous êtes passionné par quelque chose. Parfois, les opportunités se présentent à vous.

AS : Lorsque vous êtes curieux de quelque chose, la curiosité se répand. C'est quelque chose que je ressens très fortement dans ma carrière d'écrivain. Chaque fois que je m'intéresse superficiellement à quelque chose ou que je dois faire un effort pour m'y intéresser, comme dans le cas du cours de littérature ottomane, cela ne mène nulle part ; c'est comme si je roulais à contre-courant. Mais dès que je m'intéresse à quelque chose qui me rend curieuse, et que je me laisse aller dans cette direction, sans me juger, je trouve mon public. Cela me donne la confiance nécessaire de m'appuyer sur ma voix, même si l'histoire semble insignifiante pour le monde extérieur, elle est importante pour moi et on se rend compte que d'autres personnes la trouvent importante aussi.

Mais je suis toujours en train de réfléchir, est-ce que c'est possible d'en faire de l'art ? Ou bien suis-je encore en train de tomber dans mes vieilles habitudes ? Je dois faire la distinction entre une véritable curiosité et quelque chose de confortable. C'est un état d'esprit qu'il faut garder constamment, il faut toujours se poser la question, suis-je vraiment curieuse ? Ai-je une voix assez authentique pour parler de ça ? Avec The Anthropologists, je me suis demandée qui lirait un livre sur les rituels du quotidien. C'est un si petit livre, mais j'aime trouver une petite communauté de lecteurs de cette façon.

AO : Quelle est la prochaine étape ?

AS : C'est amusant, j'ai constaté que je me suis un peu lassée des villes sans nom et que mon nouveau projet se situe dans un endroit très précis : Mexico. Je suis constamment sur Google Maps, en train de parcourir les rues de Mexico. Je m'y rends en janvier pour enseigner et vérifier les détails de mon livre, qui est centré sur des découvertes archéologiques.

 

Ayşegül Savaş est l'auteur des romans suivants Marcher sur le plafond et de Blanc sur blanc. Son œuvre a été traduite en six langues et a été publiée dans The New Yorker, The Paris Review, Granta et ailleurs. Elle vit à Paris.

Amy Omar est une écrivaine et cinéaste turco-américaine basée à New York. Ses écrits non narratifs ont été publiés dans Screen Slate, The Brooklyn Rail, Electric Literature et IDA Magazine. Son court-métrage, Breaking Fast with a Coca-Cola, a été présenté en avant-première à SXSW en 2023. Elle est actuellement en train de développer deux scénarios de long métrage.

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