Ses poèmes abordent des questions sociales, en particulier des questions liées à la violence à l'égard des femmes, au mariage précoce ou forcé, à la pauvreté et à l'impact de l'extrémisme et de la guerre. Ses poèmes abordent des thèmes sociopolitiques et font preuve d'un grand sens de l'ironie. -FarzanaMari
Somaia Ramish
Poèmes traduits du persan par Sholeh Wolpé
5 /
Tu me tues
pour me sauver de l'enfer,
ou plutôt,
Allez au Paradis.
Chaque jour, je meurs encore et encore
quand mes cheveux pourrissent parmi vos pensées banales,
quand ma voix est dévorée par votre fanatisme,
quand mes formes féminines font de vous des infidèles,
et que mes cheveux provoquent la colère de votre Dieu.
Vous qui êtes effrayés par la beauté,
regardez comment les rues de Téhéran et de Kaboul
ne mènent ni au paradis ni à l'enfer.
De la mort, nous sommes revenus vivants.
Femme Vie Liberté

7/
Je suis en vie,
malgré la balle logée dans mon cœur.
Je m'échappe vers Durand.
Les frontières ne reconnaissent pas ma vivacité.
Je me rends à Nimrooz
demi-cendre
demi-feu
et maintenant
Je suis dans les environs du Khuzestan.
La patrouille frontalière iranienne armée
est une balle de plus
et le prix de mon sang
n'a pas plus de valeur que l'eau qui étouffe
la rivière Hari.
Je suis vivant.
Je traverse des déserts et des océans,
survivre aux fils barbelés et
aux mâchoires de chiens affamés.
Je m'assois en face d'un officier d'immigration
qui ne me regarde pas,
ne me tire pas dessus.
Au lieu de cela, il me résume
en un numéro à sept chiffres
Zéro - Cinq - Huit - Quatre - Deux - Deux - Deux
Je cours dans six directions.
Halte !
Je laisse tomber mes numéros.
Je n'ai jamais vécu
en dehors de ma patrie.
8/
Il fait nuit dans toutes les régions du monde
et le sang de l'aube a séché dans les veines de demain.
Je pleure dans tous les fuseaux horaires.
Dans lequel êtes-vous ?
Toi qui n'entends pas nos voix ?
Peuples libres du monde,
vous qui avez incarné la liberté dans une statue,
une pierre,
un rocher tombé dans un puits
et qui meurt avec son dernier son.
Après une chute, si vous entendez un bruit sourd,
c'est le son de la mort.
Reculez vos horloges d'un siècle
pour que vous puissiez avaler la nouvelle du liberty rock
avec votre café amer et oublier
que nous, de ce côté-ci du temps,
de ce côté-ci du monde
sommes déjà morts dans notre propre chronologie.
