Les feux de la honte ; la brûlure du désir

3 mars 2024 -
Dans son éruptivité extérieure, ma personnalité pourrait être qualifiée d'"incendiaire". Mais pas dans le sexe. Non. D'ailleurs, c'est frustrant de ne pas l'être là où la combustibilité aurait été la plus utile.

 

Joumana Haddad

"Le bon sexe, c'est comme le bon bridge. Si vous n'avez pas un bon partenaire,mieux vaut avoir une bonne main."

Mae West

 

J'ai eu de nombreux amants au fil des ans. Certains étaient bons, d'autres mauvais, d'autres encore carrément épouvantables. La plupart étaient médiocres, et quelques-uns, seulement deux ou trois, étaient excellents. Mais le meilleur sexe eu a toujours été avec moi-même.

Au début, c'était parce que j'étais timide. Je n'osais pas exprimer mes désirs et mes besoins, principalement parce que j'en avais honte. C'étaient mes "sales secrets", totalement opposés avec la vision de la  femme avec laquelle j'ai grandi. La femme honnête que l'on devrait être, ce qu’elle devrait vouloir, la façon dont elle devrait se comporter et les pensées qu’elle était autorisée à exprimer. C'est à cause de ces croyances que je n'ai pas pu réaliser ni partager mes fantasmes débridés avec mes premiers partenaires.

Ma première expérience sexuelle fut avec mon premier mari. Rien de plus orthodoxe. J'étais vierge à vingt ans, avec tellement de notions et images de débauche dans la tête à cause de toutes les histoires dépravées que j'avais lues clandestinement au début de ma vie. Mais sans aucune expérience pratique, à peine un ou deux baisers dans mon adolescence, qui m'avaient fait me sentir coupable et "sale" pendant des semaines.

je sentais en moi un volcan secrètement actif, qui ne demandait qu'à exploser...

Comment une femme, en particulier une femme arabe, peut-elle échapper à son éducation conservatrice et y survivre ? C'est la question que je me suis posée toute ma vie, jusqu'à aujourd'hui. Les livres ne suffisent certainement pas, pas plus que les films ou le porno. Et tous les efforts du monde en matière d'introspection et de conscience de soi sont, le plus souvent, insuffisants pour sauver cette petite fille du lavage de cerveau, du blâme du vagin, du blâme de la salope et de l'incarcération religieuse, morale et patriarcale à laquelle elle est soumise depuis sa naissance. Il faut une volonté surhumaine et une force herculéenne pour briser les chaînes. C'est pourquoi chaque femme arabe libérée qui, entre autres choses, possède son corps et en jouit, est une héroïne à part entière.

En revanche, j'ai grandi en étant tout sauf timide dans les autres domaines "publics" de la vie. J'ai progressivement développé un caractère fort, indomptable et provocateur, qui se reflétait dans mon comportement social, dans mes points de vue et mes opinions, et surtout dans mes écrits. J'étais provocatrice, insolente et conflictuelle. Que ce soit en amour, au travail, en amitié, en famille ou sur papier, je disais toujours ce que je pensais sans filtre, sans la moindre hésitation, sans craindre les signaux d'alarme. Était-ce de la vengeance ? Était-ce une expiation ? Peut-être les deux, peut-être ni l'un ni l'autre. J'avais l'habitude de penser : "Peut-être suis-je simplement deux personnes, ou plus. Ne le sommes-nous pas tous ?"

Si ce n'est pas du déni, qu'est-ce que cela peut bien êtrre.

Mais c'est aussi la vérité.

Durant mon enfance, j'étais ce que l'on pourrait appeler une "gentille petite fille" en apparence. Polie, bien élevée, plutôt docile, avec seulement quelques réactions rebelles de temps en temps, magistralement contenues par mes parents sévères. Mais je sentais en moi un volcan secrètement actif, qui ne demandait qu'à exploser. Une "mauvaise fille" qui se masturbait avec les mots du Marquis de Sade. Au lieu d'être horrifiée par ses histoires vicieuses, elles m'excitaient. Lorsque j'ai lu L'étrange affaire du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson, je me suis surnommée "Joumana Jekyll". Cette jeune fille de douze ans aux traits innocents, qui allait à la messe, étudiait dur, ignorait les garçons et était toujours la première de sa classe, mais qui était aussi excitée par une brutalité sexuelle indescriptible.

Dans son éruptivité extérieure, ma personnalité pourrait être décrite comme "incendiaire". Mais pas dans le sexe avec les autres. Non. C'est frustrant, c'est là ·oùelle aurait été le plus utile. Malgré ma crudité, malgré mon insolence, malgré ma liberté, sous les draps, je me transformais en cette autre femme. Une femme que je n'aimais pas, c'est le moins qu'on puisse dire : Une vierge timide, à la langue bien pendue et gênée. Quand je l'imagine aujourd'hui je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel. Même plus tard, lorsque je suis devenue plus beaucoup plus désinhibée sexuellement, et que je me suis engagée dans des pratiques assez audacieuses et progressives (parfois non pas par envie ou par plaisir, mais uniquement parce que je voulais défier mon éducation et me prouver que j'étais ouverte d'esprit et non conventionnelle), je n’avouerais tout de même pas à mes partenaires ce que je voulais vraiment, ce que j'attendais et ce que je désirais ardemment.

J'étais receveuse, non pas demandeuse. Et les rares fois où j'ai obtenu ce que je cherchais, ce n'était que par "coïncidence", c'est-à-dire parce que ce que j'aimais correspondait à ce que mon partenaire aimait, et que nos personnalités sexuelles s'accordaient spontanément. Pas d'initiative ou d'affirmation de ma part, seulement de la chance. Et on ne peut pas, de manière réaliste, construire son bonheur sexuel sur les faibles fondations de la simple chance, surtout pas une femme. Sauf si elle accepte d'être déçue constamment et à plusieurs reprises. Et c'est exactement ce que j'étais.

Inutile de dire que cette dissociation entre le moi social et le moi privé, qui a duré longtemps - trop longtemps - m'a exaspérée. J'avais constamment l'impression de me décevoir moi-même, sans parler du fait que j'étais une imposteure et une lâche. Ce qui est sûr c'est que je n'étais pas une femme sexuellement satisfaite. En tout cas, pas dans mes relations avec les hommes. "Quel gâchis", me disais-je. "Tous ces corps, toutes ces expériences, tous ces efforts, toute cette sueur, toute cette originalité et tout ce savoir-faire, pour presque rien". Après chaque rapport sexuel, j'attendais d'être seule et, comme une écolière qui doit refaire ses devoirs pour les réussir cette fois, je me masturbais en pensant à tous les gestes, à tous les mots, à toutes les situations qui m'auraient excitée. Alors, et seulement alors, le plaisir venait, immédiatement suivi d'un mépris envers moi même. Beaucoup. Une forme d'autoflagellation. Tout à fait en lien avec la tradition catholique dans laquelle j'ai été élevée. Sauf que mon "péché", ce fameux "goût de la pomme" dont je payais le prix n'était pas l'acte sexuel lui-même - que je considérais comme mon droit absolu - mais plutôt ma réticence à m'y adonner comme je le souhaitais à cause de mon apathie. En réalité, la seule contre qui j'avais péché, c'était moi-même.

Plus tard, j'ai appris à me dissocier de moi-même pendant le spectacle. Dans mon corps, j'étais avec l'homme, j'embrassais, léchais, mordais, griffais, gémissais, etc., mais dans ma tête, j'étais ailleurs, avec quelqu'un d'autre, quelqu'un d'anonyme, en train de faire, et surtout de se faire faire, ce que je désirais vraiment. Dans certains cas, cela fonctionnait et je prenais mon pied. Mais je me méprisais quand même. Un jour, j'ai lu quelque part une citation selon laquelle nous sommes au moins quatre personnes pendant l'acte sexuel : le couple réel qui s'y adonne et les autres personnes invoquées dans l'imagination de chacun pendant l'acte. Cela m'a d'abord consolée. Je me suis dit que je n'étais pas seule dans cette situation. Il y avait d'autres personnes qui souffraient de ce genre de schizophrénie sexuelle.

Mais bientôt, savoir que je partageais cette situation avec un certain pourcentage de l'humanité n'était plus une consolation suffisante. Pas pour quelqu'un comme moi, une grosse tête perfectionniste et, en plus, quelqu'un de si fièrement directe et honnête qu'elle ne pouvait tolérer ce genre de duplicité. J'étais physiquement, métaphysiquement, émotionnellement et intellectuellement, exaspérée et épuisée par mon mal, et j'avais besoin de guérir. Il fallait que je guérisse. Ce n'était pas seulement le manque de gratification qui était insupportable pour moi, l'épicurienne autoproclamée. C'était surtout, l'incompatibilité entre celle que je pensais être et que je voulais à tout prix être (libérée, effrontée, proactive), et la femme qui ne pouvait dire "je veux" à ses amants. Tous ceux qui me connaissaient, ne serait-ce qu'un peu, croyaient dur comme fer que je menais cette vie sexuelle folle et démesurée. Et pourtant j'étais dans la chambre, méfiante comme un écureuil, incapable de prononcer une phrase aussi simple que "parle-moi mal !" et encore moins "s'il te plaît, donne-moi une fessée !". Et même lorsque je menais une vie sexuelle folle et scandaleuse, je n'y prenais pas plaisir. C'était plutôt un acte, comme si je me regardais sur un écran, applaudissant mon impudence, mais n'en tirant aucun plaisir physique.

"Pourquoi tout cela ?" me demandais-je après coup. Quelle est la valeur d'un tel exploit s'il ne vise qu'à me prouver que je peux? Le sexe n'est pas un sport de compétition et il n'y a pas de médailles à gagner. Si la récompense n'est pas le plaisir, sauvage, irrésistible, holistique, alors cela n'en vaut pas la peine.

Le problème n'était pas que je manquais de connaissances. Bien au contraire. Mon esprit débordait de documents, d'études et de données sur la sexualité. J'étais ce que l'on pourrait appeler une experte, et nombreux étaient ceux qui venaient me voir pour des conseils ou une orientation. Je leur donnais des conseils et ça marchait. Mais je restais imperméable à mes propres théories et à leurs applications possibles. Ce n'est qu'à la fin de la trentaine que j'ai commencé à prendre mon courage à deux mains et à faire quelques allusions de ce que j'aimerais, de ce que je pourrais apprécier et de ce qui me ferait plaisir en m'engageant sexuellement avec un homme. Cependant, de simples allusions ne suffisent pas à certains hommes, que ce soit par manque de finesse, par arrogance ou par indifférence, et ce n'était donc pas, il faut bien le reconnaître, la meilleure façon.

Ce que j'aimais n'était pas vraiment "politiquement correct". C'était plutôt subversif ou "non éveillé", comme on pourrait l'appeler de nos jours. Je n'ai jamais été une fille du type "missionnaire", ni une fan de toutes les autres positions et pratiques habituelles, aussi créatives, inspirées du Kama-Sutra ou ostensiblement décadentes soient-elles. J'étais, strictement et désespérément, cérébralement excitable : tout était question de mots, d'images et de dynamique de pouvoir pour moi. Le côté tangible de l'acte était un supplément, une poussée finale, la "goutte d'eau qui ferait déborder le vase de mon orgasme". Et ce qui excitait mon cerveau était en contradiction avec ma personnalité publique, très féministe, que j'utilisais involontairement pour envoyer aux hommes un message erroné. 

Beaucoup pensaient que j'étais une dominatrice, alors que ce qui m'excitait, c'était en fait d'être dominée. J'avais besoin d'un espace de décompression pour échapper au stress d'être constamment sous contrôle, et cet espace, pour moi, c'était le sexe. Mais quel homme oserait explorer cet aspect de moi de manière impulsive, sans y être invité, sans y être incité, alors que je criais à tue-tête toute la journée en faveur de l'égalité et de l'autonomie ? Quel homme oserait me tirer les cheveux, me donner un ordre ou m'étrangler (doucement, s'il vous plaît), alors que j'étais, clairement et objectivement, une salope intimidante qui n'hésiterait pas à lui donner un coup de pied dans les couilles en cas de faux-pas ? En conséquence, la plupart des amants s'approchaient, pour ainsi dire, de mon lit sur la pointe des pieds, se montrant tragiquement prévenants de peur de m'offenser, alors que tout ce que je voulais, c'était être "offensée". Pourtant, m'offenser nécessiterait une certaine audace, ainsi que la capacité de séparer la sphère publique de la sphère intime, et exigerait surtout une certaine créativité, dont beaucoup d'hommes, je suis désolée de le dire, manquent au lit. 

Je ne rejette pas toute la faute sur l'autre personne ; je sais que j'ai une grande part de responsabilité dans le fait de ne pas avoir exprimé mes désirs sans ambiguïté. Mais en même temps, le sexe, pour les hommes, la plupart des hommes du moins, à l'exception de ceux qui sont naturellement pervers, est tout à fait linéaire. Ce n'est pas une accusation, mais plutôt un compliment. Je le dis même avec une bonne et sincère dose d'envie. Ils y prennent plaisir assez facilement ; évidemment à des degrés divers avec des partenaires différents, mais ils finissent presque toujours par y prendre plaisir. Ils ne sont donc pas nécessairement incités à être inventifs et expérimentaux, ou à aller au-delà de ce qu'ils aiment faire habituellement. Ils ont des fantasmes, bien sûr, dont beaucoup sont dérivés du porno, mais l'attrait de ces fantasmes réside davantage dans la dimension physique que dans la dimension cérébrale. Ce qui compte, c'est ce qu'ils font, pas la manière dont ils l'abordent ni l'ambiance qu'ils génèrent.

Il convient de mentionner que, parmi toutes les débâcles sexuelles décrites plus haut, très peu d'hommes - étonnamment peu - m'ont demandé franchement ce que je voulais, ce qui me ferait plaisir, si j'appréciais ce qu'ils/nous faisions, ou si j'avais eu un orgasme. Et j'avoue avec culpabilité que j'ai souvent menti et fait semblant, non pas pour préserver leur ego, non, mais pour ne pas les blesser. Chaque acte sexuel est perçu par les hommes comme un test qu'ils doivent réussir, faute de quoi ils se sentent comme des petits garçons inadéquats. Et ce genre d'empathie m'a privé de nombreux orgasmes précieux. Est-ce que je le regrette ?

J'avais l'habitude de le faire. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Un autre fait important est que, dans le monde arabe en particulier, de nombreux hommes souffrent du syndrome de la vierge et de la pute, et qu'il y a donc une déconnexion mentale entre la femme qu'ils convoitent et qu'ils souhaitent baiser, et la femme qu'ils envisagent comme leur partenaire potentielle. En bref, la plupart considèrent le sexe comme quelque chose de "sale" et comme une forme d'irrespect. Et le sexe est effectivement sale - mais seulement s'il est bien fait, comme l'a dit un jour Woody Allen. Cependant, pour les hommes, cette saleté est réservée aux femmes qu'ils considèrent comme des "putes", et non à celles qu'ils admirent, aiment ou respectent dans le domaine non sexuel de la vie. Cette dichotomie est à l'origine d'un grand nombre de frustrations et de malheurs pour de nombreuses femmes. Combien d'entre elles, par exemple, ont supposé qu'elles étaient avec un partenaire progressiste et tourné vers l'avenir, pour découvrir, une fois qu'il a été mis à l'épreuve, qu'il est aussi conservateur et traditionnel que son voisin, ou même que leur père ?

Est-il vraiment contradictoire d'être une masochiste sexuelle et une femme indépendante, digne et respectable ? Certainement pas, et j'aurais aimé l'apprendre plus tôt. Mais ce n'est pas par humiliation intériorisée ou par peur du jugement que je n'avouais pas volontiers mes désirs, surtout après m'être émancipée de ce qu'on m'avait enseigné et de la façon dont j'avais été élevée. Je me moquais bien du jugement des autres, surtout des préhistoriques, que de toute façon je ne fréquentais même pas. J'avais un sixième sens sur les hommes qui étaient comme ça, même sur ceux qui essayaient de le cacher, et je les ai écartés très tôt. Je n'ai jamais aimé être une victime émotionnelle, ni ressenti le genre d'attachement que beaucoup de femmes éprouvent pour les connards qui les maltraitent.

Deux choses m'ont freinée. La première était un désir d'être comprise et "vue" sans avoir à m'expliquer. C'est peut-être par naïveté ou par romantisme, mais j'ai toujours pensé que le plaisir avec un partenaire sexuel ne devait pas demander trop de travail, ou que, du moins, il serait meilleur et plus intense si nous n'avions pas à travailler pour l'obtenir, si l'harmonie se produisait "naturellement". La deuxième est quelque chose de plus viscéral, inné, lié à mon enfance ; une conviction inconsciente que j'abandonnerais ou trahirais ma mère si je m'élevais sexuellement comme je voulais m'élever. Cela mériterait bien une psychanalyse freudienne. Mais j'ai toujours été plus préoccupée par les répercussions de cette complication sur ma vie sexuelle que par ses racines et ses motifs. J'ai toujours été une personne axée sur les résultats, et le vrai problème, pour moi, était centré sur la question suivante : pourquoi mon plaisir sexuel était-il si difficile à atteindre lorsque j'étais en compagnie d'autres personnes, et si facile lorsque j'étais seule ?

Au début, j'ai blâmé mon intellectualité. Après tout, mon éveil sexuel s'est fait avant tout dans ma tête, ce qui fait que ma pulsion est plus cérébrale qu'instinctive et "animale". Mon type de plaisir nécessitait une mise en place, voire une certaine théâtralisation. L'ambiance devait être créée de toutes pièces. La séduction physique de l'homme ne suffisait pas, pas plus que ses gestes ou ses attouchements s'ils n'étaient pas accompagnés d'une imagination tordue et d'un langage pervers. Je blâmais également la masturbation et pensais qu'elle m'avait en quelque sorte corrompue ou "cassée". L'acte sexuel solitaire est si convivial, si simple et inépuisable qu'il est difficile de ne pas avoir une prédilection insatiable pour lui une fois qu'on s'y est habitué.

Puis vers la quarantaine, j'ai cessé de scruter, de blâmer et de remettre en question. J'étais enfin assez âgée et assez expérimentée pour m'accepter telle que j'étais. Je me suis laissée aller.

C'est alors que j'ai pris mon envol.


Oscar Wilde a écrit un jour que tout dans le monde est lié au sexe, sauf le sexe lui-même. "Le sexe est une question de pouvoir", a-t-il écrit, et il avait tout à fait raison. Il s'agit du pouvoir que nous exerçons, ou du pouvoir que nous abandonnons, ou des deux, alternativement, en fonction de nos goûts et préférences sexuels et parfois même de notre humeur du jour. Personnellement, il m'a fallu beaucoup de temps pour comprendre que dans les relations sexuelles consensuelles, il n'y a pas de place pour la honte, l'embarras, la timidité ou l'idéalisme. Il n'y a pas de faux-pas, de techniques justes ou fausses, de désirs normaux ou anormaux, de bonnes ou de mauvaises manières. Mais avant tout, les relations sexuelles consensuelles n'ont pas de place pour le politiquement correct. C'est un moment de liberté absolue, au-delà des convenances et de la rationalité.

Il m'a fallu beaucoup de temps pour comprendre tout ce qui précède et pour agir en conséquence. Malgré tout, le fait est que le meilleur sexe que j'ai jamais eu était, et est toujours, avec moi-même. Non pas parce que mes partenaires sont de mauvais amants, mais parce que je suis mon propre meilleur amant.

Et je me rends enfin compte que cela n'est pas une situation difficile, mais un super pouvoir.

 

Joumana Haddad est une poète libanaise primée. Elle est aussi romancière, journaliste et militante pour les droits de l'homme. Elle a été rédactrice culturelle du journal An-Nahar pendant de nombreuses années et anime aujourd'hui une émission de télévision consacrée aux questions de droits de l'homme dans le monde arabe. Elle est la fondatrice et directrice du Centre des libertés Joumana Haddad, une organisation qui promeut les valeurs des droits de l'homme auprès de la jeunesse libanaise, ainsi que la fondatrice et rédactrice en chef du magazine JASAD, une publication unique en son genre consacrée à la littérature, aux arts et à la politique des corps dans le monde arabe. Elle a été sélectionnée à plusieurs reprises comme l'une des 100 femmes arabes les plus influentes du monde. Joumana a publié plus de 15 livres aux styles variés, qui ont été largement traduits et publiés dans le monde entier. Parmi ceux-ci figurent Le Retour de Lilith, J'ai tué Schéhérazade : Confessions d'une femme arabe en colère et Superman est arabe. Son dernier roman, Le Livre des Reines, est publié en 2021 chez Actes Sud.

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