Erik Lindner / 3 Poèmes
Auteur du récent recueil Words are the Worst, traduit du néerlandais, Erik Linder vit à Amsterdam. Sélectionné pour le prix Derek Walcott de poésie, Words are the Worst a reçu des critiques intéressantes :
"La poésie de Lindner coupe dans la mise en scène quotidienne pour mettre à nu des juxtapositions éclairantes à travers le temps et l'espace. Ce qui reste sur l'écran de la page ouvre une autre façon de voir, pleine d'étonnement et de curiosité." -LaRevue des livres de Montréal
"Avec un œil cinématographique, Erik Lindner suit les traces de l'activité humaine. Les poèmes de Words are the Worst, inondés de reflets et d'objets flottants, illuminés par l'air marin, tirent du quotidien un sens et un motif. Les plaisirs fugaces - un pique-nique, une pomme juteuse, un voyage en train, une foulée dans les vagues - se dissolvent en un instant. Il nous reste un chant plaintif de recherche dans lequel les actions les plus simples deviennent énigmatiques." -Kateri Lanthier
Jetons d'identité
1
Ce qui compte, c'est que les choses aient un sens,
la chance de faire partie d'un tout, d'appartenir à un groupe,
d'un collectif. Les gens se changent entre
les haies basses par les barbelés
barbelés autour des dunes.
Les cartes à jouer tombent sur une serviette étendue, le pique-nique
sous un tissu dans un panier en osier, le sable entassé
sur une bouteille de la distillerie où
l'un de nous a travaillé ce jour-là. Comme
tout le monde, nous courons vers la mer
et retour, en tapant le sable de nos chaussures sur le chemin,
embrasser ce qui n'a pas été dit dans chaque conversation.
quand nous disons au revoir et nous sentons inconsolables
dans un tramway alors que le conducteur annonce
les arrêts à son seul passager.
Sans titre
Le jardin se trouve entre la route et la fenêtre.
J'ai vu à travers mon rêve en me tenant debout dans celui-ci
et tu hausses encore les épaules
au milieu de ce qui t'étreint
cette roue de charrette et ce chemin de briques
la chaise qui reste en place
comment discrètement le tramway sept à hoboken
tourne autour des tables à l'extérieur du café Athene
un arbre est plus léger que l'autre
sur le sol, la lumière du soleil tombe sur vos pieds.
Sans titre
Un escalier mène à la mer
une vague se brise sur une marche
un navire tire sur ses chaînes
fait gonfler sa coque
un conducteur ouvre la porte de la voiture en marche
et crache la noix de bétel sur le sol qui recule.
une cigarette qui roule projette un cercle d'étincelles
les feuilles tapent contre la voiture qui passe
Dans le métro, un homme porte toujours son casque.
il y a la pluie qui éteint le feu
il y a un chien qui garde deux moutons
et trottant de long en large dans le champ
descendre un escalier
pousser d'une marche.