Joyce Mansour
Traduit par Emilie Moorhouse
Deux poèmes de Joyce Mansour, traduits par Emilie Moorhouse, extraits du volume City Lights, Emerald Wounds : Selected Poems. Les traductions anglaises suivent les originaux français.
Séance Tenante
Pour S.
Tout ceci parce que j'aime faire l'amour sous l'eau
Pommader mes cheveux de brouillard et de bile
Et me laisser aller au fond du canapé
Avec un palefrenier bossu Et un doigt de vagabondage
Tout ceci parce que tu sais que j'étais voleuse autrefois
Tout de suite
Pour S.
Tout cela parce que j'aime faire l'amour sous l'eau
Enduisant mes cheveux de brouillard et de bile
Et me laisser aller dans les profondeurs du canapé
Avec un garçon d'écurie voûté
Et un doigt errant
Tout cela parce que tu sais que j'ai été une fois un voleur
L'Appel amer d'un sanglot
Venez femmes aux seins fébriles
Écouter en silence le cri de la vipère
Et sonder avec moi le bas brouillard roux
Qui enfle soudain la voix de l'ami
La rivière est fraîche autour de son corps
Sa chemise flotte blanche comme la fin d'un discours
Dans l'air substantiel avare de coquillages
Inclinez-vous filles intempestives
Abandonnez vos pensées à capuchon
Vos sottes mouillures vos bottines rapides
Un remous s'est produit dans la végétation
Et l'homme s'est noyé dans la liqueur
L'appel amer des larmes
Venez, femmes aux poitrines fiévreuses
Ecoutez en silence le cri de la vipère
Et sondez avec moi le brouillard rouge et bas
Qui soudain gonfle la voix de l'ami
La rivière est fraîche autour de son corps
Sa chemise blanche flottant comme la fin d'un discours
Dans l'air expansif vidé de ses coquillages
Tirez votre révérence, mesdames intempestives
Oubliez vos pensées encapuchonnées
Votre moiteur insensée, vos chaussons rapides
Un tourbillon s'est formé dans les plantes
Et l'homme s'est noyé dans l'alcool
