Alaa Abd El-Fattah - le révolutionnaire qu'el-Sissi craint le plus ?

11 Juillet, 2022 -

Alaa Abd El-Fattah est un écrivain, technologue et militant politique égyptien. Il a été poursuivi ou arrêté par tous les régimes égyptiens qui se sont succédé au cours de sa vie, et a été détenu en prison pendant tous les mois, sauf quelques mois, depuis le coup d'État de 2013. Rassemblés dans You Have Not Yet Been Defeated par sa famille et ses amis, pour la première fois en anglais, sont une sélection de ses discours, interviews, messages sur les médias sociaux et essais depuis le déclenchement de la révolution en janvier 2011 - beaucoup écrits de l'intérieur de la prison.

 

Tu n'as pas encore été vaincu : Selected Works 2011-2021, par Alaa Abd El-Fattah
Traduit par A Collective
Seven Stories Press 2022
ISBN 9781644212455

Fouad Mami

 

Les essais d'Abd El-Fattah sont publiés par Seven Stories Press.

D'une manière étrange mais tout aussi sublime, Vous n'avez pas encore été vaincu rappelle le classique d'Antonio Gramsci, Les carnets de prison, Alaa Abd El-Fattah incarnant le révolutionnaire antifasciste et théoricien des révolutions arabes ! Si l'analogie avec Gramsci n'est pas attrayante, alors les interrogatoires d'Abd El-Fattah rappellent le célèbre auteur allemand antinazi, Carl von Ossietzky. Tel est le portrait le plus proche et peut-être le plus juste avec lequel on pourrait présenter Alaa Abd El-Fattah au monde.

Je passe ici en revue son livre moins pour en souligner les engagements politiques ou les formulations logiques que principalement parce qu'il admet avoir été vaincu. Je préfère laisser de côté les autres préoccupations d'Abd El-Fattah - comme l'activisme constitutionnel ou la querelle contre les Frères musulmans - non pas parce qu'elles sont mineures ou défigurent son image publique, mais simplement parce que la pensée d'Abd El-Fattah à leur sujet a évolué. Il est facile pour les lecteurs de remarquer comment des questions telles que celle de savoir qui a le droit d'écrire la constitution de l'après-révolution et ce qui doit y être inclus ou laissé de côté ont été largement contournées par des questions urgentes. Ces dernières sont naturellement le déroulement de la contre-révolution et les incarcérations prolongées d'Abd El-Fattah, ainsi que les conditions générales de vie dans l'Égypte post-révolutionnaire.

Au moment où j'écris cette critique, Abd El-Fattah est à la fois incarcéré et en grève de la faim. Le monde libre est indigné et a appelé à sa libération immédiate. Le régime égyptien, précise Abd El-Fattah dans ce livre, est particulièrement notoire pour les grévistes de la faim. De peur que le monde libre ne le perde, je trouve particulièrement enrichissant de m'attarder sur ce que je trouve à la fois admirable et profond dans l'évaluation d'Abd El-Fattah : ces éléments que les militants actuels et futurs doivent adopter afin de mener à bien la lutte pour l'établissement d'un ordre égalitaire, tant en Égypte qu'ailleurs.

Il est remarquable que, tout en admettant sa défaite et en étant dépouillé de ses droits fondamentaux par le célèbre système judiciaire de l'Égypte d'Abdel Fattah el-Sissi, Abd El-Fattah réussisse à rappeler aux révolutionnaires du monde entier que, même s'ils ne sont pas incarcérés comme lui, ils n'ont pas encore été vaincus.

Le livre d'Abd El-Fattah présente une sélection de ses textes, préfacés par nulle autre que l'admirable universitaire et activiste Naomi Klein, auteur de The Shock Doctrine : The Rise of Disaster Capitalism, entre autres tomes. L'aveu de la défaite personnelle impose le démantèlement du récit héroïque et presque invariablement masculin selon lequel les révolutions et les révolutionnaires gagnent toujours, même lorsqu'ils sont écrasés. Cela explique pourquoi cet aveu est à la fois admirable et, comme nous le verrons plus loin, critique.

En lisant le livre, il devient évident que l'auteur, malgré sa volonté exemplaire, reconnaît son échec personnel car, compte tenu de ses conditions de détention, il n'a plus la force de se battre pour ses droits en tant qu'être humain : le droit de lire, d'utiliser des toilettes propres, de dormir sur une literie correcte, etc. Néanmoins, nous comprenons que les révolutions ou la révolution pour laquelle Abd El-Fattah a donné son nom sont consommatrices, et ardues. En ce sens, le livre est un briseur de mythes. Il montre que l'échec, comme le succès, est plus qu'une possibilité, c'est une probabilité.

Une fois que le lecteur révolutionnaire (car c'est ce qui est implicite dans l'écriture, et pas n'importe quel lecteur) a abandonné la névrose du renoncement à soi pour une réalité de la défaite qui se déploie, il s'accorde avec le mouvement réel du monde. En d'autres termes, on devient prêt à enregistrer le besoin de savoir comment la défaite s'est produite, comment elle est devenue une nécessité historique et pas seulement une possibilité logique. La méthode consistant à amener en douceur des camarades ostensiblement arrogants et fiers, mais incontestablement purs et zélés, les révolutionnaires de Tahrir, à admettre la défaite n'est en aucun cas un petit exploit. Il s'agit en effet d'un exploit de génie, car derrière cet aveu se cache la prise de conscience que l'histoire ne se fait pas par la seule volonté, et que le pouvoir individuel ou subjectif ne compte pour rien dans la grande arche de l'histoire. Sans le dire explicitement, Abd El-Fattah appelle les révolutionnaires à embrasser l'humilité, car celle-ci facilite la réception des lois objectives du changement historique.

Compte tenu des expériences sublimes vécues par les militants au cours des phases capitales des révolutions, Teodor Shanin qualifie ces expériences de camaraderie prolongée et d'altruisme de moments de vérité[1]. En tant que tels, les révolutionnaires développent leurs sophismes logiques, dont le plus célèbre est le déni des résultats négatifs, en ce sens qu'ils restent hostiles à l'idée d'admettre le renversement de leurs rêves, même lorsque la défaite les regarde dans les yeux. C'est précisément dans ce contexte que le titre piquant d'Abd El-Fattah prend tout son sens, révélant à qui veut l'apprendre que les révolutionnaires du Printemps arabe ne manquaient pas de courage, mais que le succès de la révolution n'exige pas non plus l'héroïsme.

Cliquez pour écouter Leila Fadel de NPR s'entretenir avec l'auteur Rusha Latif.

Oui, les révolutionnaires de Tahrir et du printemps arabe ont été vaincus. Mais si l'on parvient à maîtriser la narration, explique le livre, ils ne seront pas nécessairement vaincus pour toujours.

Abd El-Fattah avance deux remarques qui sont liées entre elles et qui ont trait au pouvoir de la langue. La première souligne la nécessité de soigner et de préserver la qualité expressive du langage tandis que la seconde instancie la première à travers le pouvoir de l'écriture. Les deux remarques sont, en résumé, des stratégies qu'il faut réussir à déployer pour inverser le renversement initial et déboulonner la contre-révolution. Elles ne sont pas moins révolutionnaires que la mobilisation du courage nécessaire pour faire tomber un dictateur. Puisque l'écriture articule le récit de la révolution, il est alors évident que l'écriture est un pas en avant par rapport à la simple expression pour le plaisir d'exprimer, car il s'agit au contraire d'une écriture orientée vers le changement matériel du monde. L'écriture brise le monopole des récits contre-révolutionnaires. Ce monopole prétend au triomphe de son ordre mondial et justifie le faux omniprésent. L'écriture lucide et translucide met à nu la prétention et abat la contre-révolution. D'où comment le zoom sur chaque remarque est non seulement utile mais décisif pour le succès des révolutions sociales dans le monde entier, et pas seulement en Egypte.

Pour Abd El-Fattah, il faut être véritablement alarmé lorsque les gens commencent à communiquer en GIFs et en Emojis. Instinctivement, on sait que quelque chose ne va pas lorsque des dessins impersonnels et préétablis remplacent les textes. Après un séjour de cinq ans en prison, il constate immédiatement la dépendance chronique des jeunes à l'égard de dessins tout faits avec lesquels ils font semblant de communiquer. Peu à peu, l'utilisation massive des GIFs et des Emojis érode la capacité à distinguer les variations de la communication de base, sans parler de la pensée complexe nécessaire pour s'engager dans le monde. En d'autres termes, la pensée complexe s'évapore du radar, laissant le champ libre aux mensonges contre-révolutionnaires qui prennent la forme de vérités historiques. Avec cet assaut contre le langage et la capacité à communiquer, la possibilité d'un changement révolutionnaire - naturellement impossible sans compétences avancées en communication - devient presque nulle.

Dans un tweet daté du 4 avril 2019, Abd El-Fattah note : "Quand est-il devenu acceptable pour les adultes de communiquer principalement en emojis et en gifs ?" (p. 269) Dans ce contexte, les appareils électroniques et les plateformes comme Facebook ou Twitter ne sont plus des moyens neutres ou impersonnels de faciliter l'échange d'idées, comme le voudrait la propagande. Parce qu'ils encouragent la paresse et dispensent de la tâche de filtrer le sens, la facilité d'accès aux Emojis et GIFs limite le choix à quelques clics sur une liste personnalisée qui couvre vraisemblablement le champ des possibles. Peu à peu, la pensée standardisée s'installe, renforçant le projet contre-révolutionnaire.

Cette première remarque sur une communication vidée de la capacité de donner du sens est liée à la deuxième remarque : l'assaut sans pareil contre l'écrit. Après avoir annulé sa libération conditionnelle en septembre 2019, les geôliers d'Abd El-Fattah lui refusent (entre autres nécessités) livres, journaux et magazines. L'injonction n'a pas été là lors de ses précédentes peines de prison. Il affirme que la contre-révolution a désormais une peur mortelle de l'écrit. Lors de son audition à charge, Abd El-Fattah annonce :

...il est clair que cela va au-delà d'un déni pour des raisons de sécurité, mais révèle plutôt une phobie ou une haine de l'écrit. Cette phobie s'est malheureusement emparée de l'État égyptien et s'est répandue à travers lui. Je ne vois aucune logique ou raison à ma détention, si ce n'est l'écrit, d'autant plus que mon arrestation a coïncidé avec celle d'éminents universitaires et chercheurs, et a précédé celle de journalistes connus pour leur intégrité professionnelle.

Sans accusation personnelle ni animosité à l'égard des gardiens de prison, la façon dont Abd El-Fattah décrit son sort facilite la mise en évidence d'un scénario général, profondément troublant, qui ne s'applique qu'à un seul écrivain ou activiste. En incarcérant des militants au même titre que des journalistes et des universitaires, une tendance à l'exercice de l'autorité se dessine. Les lecteurs découvrent que les pratiques autoritaires locales ou égyptiennes font partie intégrante de l'ordre mondial, déterminé à combattre tout ce qui contredit le faux omniprésent, le récit unique annonçant le triomphe temporaire de l'ordre mondial actuel. L'incarcération de personnes de la trempe d'Abd El-Fattah souligne la censure d'un récit alternatif, celui qui dévoile les prétentions à éterniser cet ordre mondial, bien qu'il soit immunisé contre le vieillissement et la mort. Ces personnes sont en prison parce que leurs écrits ébranlent non seulement l'État égyptien mais aussi l'ensemble du faux omniprésent qui régit le monde contemporain. En d'autres termes, le fait que des écrits séditieux similaires continuent d'émerger prouve que la présomption d'infini du Capital à travers un consumérisme heureux et insouciant est une chasse aux fantômes.

Les normes d'apprentissage déplorables ne sont donc pas de simples accidents malheureux. Ils servent les régimes répressifs dans cette dernière " guerre contre le sens. " (259) Mais ce qui est négligé dans la discussion d'Abd El-Fattah, c'est comment même la répression qui a pris des niveaux sans précédent depuis septembre 2019 (l'inversion des ordonnances de probation et de poursuite avec le renouvellement ouvert des peines d'emprisonnement sans tribunal) souligne le fait que l'État égyptien est face au mur. Malgré les innombrables promesses et les efforts herculéens pour construire une économie viable, le gouvernement d'el-Sissi a été incapable d'inverser les taux d'intérêt négatifs. Les crédits qu'el-Sissi a accumulés depuis le début de son mandat ont rendu impossible la restructuration des anciennes dettes et l'obtention d'une valeur positive dans les bilans. Il y a donc de l'espoir, même dans la défaite. Car le régime mène une politique frénétique qui censure maniaquement toutes les voix dissidentes parce qu'il ne trouve pas de formule pour briser l'antinomie de la valorisation de la dévalorisation. Il n'est pas dans la nature de l'ordre mondial, dont el-Sissi doit répondre en dernière analyse, de gouverner exclusivement par la répression. Bien au contraire, les bailleurs de fonds internationaux d'el-Sissi veulent que les Égyptiens soient trompés en pensant qu'ils sont heureux.

Plusieurs révolutionnaires du Printemps arabe entretiennent néanmoins la présomption erronée et débilitante d'un ordre mondial qui défend le régime autoritaire pour lui-même, c'est-à-dire en contradiction avec le mouvement réel de l'histoire qui précise que les ordres répressifs servent à révéler des crises mortelles et profondes. Même lorsqu'il ne suggère pas explicitement la crise mortelle, la pensée d'Abd El-Fattah se propage rapidement vers la conclusion que c'est l'ordre international qui vacille, et que les politiques répressives de l'État ne sont qu'un des moyens d'action que cet ordre vacillant adopte pour tromper la certitude de sa vacillation.

Concernant la circulation généralisée des GIFs et des Emojis, Abd El-Fattah observe qu'ils constituent une attaque sans précédent contre la faculté de pensée critique. L'animosité de l'État à l'égard de l'apprentissage en général et de l'écriture en particulier sert à faire avorter les articulations d'un récit qui s'oppose à ceux que l'État et les médias qui lui sont subordonnés poussent. L'appauvrissement de l'apprentissage et l'attaque contre l'écriture illustrent la manière dont lacontre-révolution de a été approfondie mais pas complète. Les universitaires ne peuvent pas passer à côté de la dégénérescence et du mépris de l'écriture dans les politiques étatiques non déclarées mais fortement encouragées. Cela fait des années que les étudiants des pays du Printemps arabe obtiennent leur diplôme en dépit du fait que leurs compétences en matière d'écriture sont douteuses[2]. La pandémie de Covid-19 a accéléré cette habitude érosive avec l'apprentissage à distance et un nouvel ensemble de règlements exceptionnels qui favorisent la réussite et l'obtention de diplômes au détriment de l'acquisition de compétences essentielles. Ainsi, l'assaut contre l'écrit cherche l'infini, et Abd El-Fattah lit la situation pour ce qu'elle est : " ...une tentative de produire des clones irréfléchis et incapables de débattre. " (p. 328) En prêtant attention aux ravages commis dans les systèmes éducatifs et aux pratiques infantilisantes que les États et les géants de la technologie facilitent, on commence à se demander comment les révolutionnaires peuvent espérer un autre résultat que le triomphe de l'ordre contre-révolutionnaire !

Mais le texte d'Abd El-Fattah rappelle aux lecteurs que l'histoire est parfaitement logique et que les militants doivent embrasser l'arc historique de la longue durée. Ce n'est qu'en abandonnant leur narcissisme, leurs névroses, leurs angoisses et leurs putréfactions que les militants peuvent mesurer l'ampleur de ce à quoi ils sont confrontés : inverser le renversement, découvrir les mensonges et se débarrasser de l'aliénation. Vers la clôture de Vous n'avez pas encore été vaincu, notamment dans le deuxième discours d'Abd El-Fattah au RightsCon en 2017 dont est tiré le titre du recueil, et dans : "La naissance d'un nouvel ordre mondial", les lecteurs trouvent l'auteur venant clair comme de l'eau de roche en ce qui concerne le caractère répressif du régime égyptien. Il semble poser la question suivante : pourquoi perdre son temps à dénoncer les méfaits perpétrés par le délégué ? Pour El-Fattah, comme Assad en Syrie ou Bouteflika en Algérie, el-Sissi est un délégué de ceux qui font la chasse à la plus-value.

En tant que spécialiste de la technologie, Abd El-Fattah sait que les géants de la technologie peuvent modifier favorablement l'équation pour la cause de la révolution s'ils décident de démonétiser certaines, voire toutes, les transactions. La valorisation de la valorisation - c'est-à-dire la réduction de tout échange à une valeur d'échange - brise à la fois l'échange et la valeur. Lorsque la dynamique qui gouverne la vie humaine devient la valorisation pour elle-même, on sait que le monstre s'est libéré et que le désastre est incontrôlable. Cela explique pourquoi le lecteur trouve chez Abd El-Fattah la certitude que son destin et celui des révolutionnaires comme lui ont été scellés par une forme liquéfiée de pouvoir, celle de la valeur d'échange. Il est clair que le pouvoir ne réside plus au Caire, à Davos ou à Washington. Ne serait-ce que parce qu'il s'agit d'un exercice pratique de méthode révolutionnaire, Vous n'avez pas encore été vaincu devrait être salué comme la bible des révolutionnaires du XXIe siècle, de la même manière que les Mémoires d'un révolutionnaire de Victor Serge (1951) ont servi aux révolutionnaires du début et du milieu du XXe siècle.

 

1. Teodor Shanin, 1986. La Russie, 1905-07 : v. 2 : La révolution comme moment de vérité.

2. Je parle de ma propre expérience en tant que professeur d'université en Algérie, et de mon interaction avec des collègues de la région, y compris le Maroc, la Tunisie et l'Égypte. Certes, le phénomène est moins aigu dans les monarchies du Golfe, en France et en Europe. Mais les collègues de ces régions rapportent que l'esprit critique est sérieusement érodé. Les conditions d'enseignement pendant la pandémie et les règlements qui ont régi les mesures spéciales prises au cours des deux dernières années ont malheureusement révélé que la maîtrise de l'écriture est devenue un luxe inabordable, du moins c'est ce qu'il me semble.  

 

Fouad Mami est un universitaire algérien, essayiste, critique de livres et féru des écrits de Hegel et de Marx. Ses articles d'opinion ont été publiés dans The Markaz Review, Counterpunch, International Policy Digest, Mangoprism, The Typist, Jadaliyya, The Left Berlin, London School of Economics Review of Books, Cleveland Review of Books, Anti-Capitalistic Resistance, Michigan Quarterly Review, Oxonian Review et Al Sharq Strategic Research. De même, ses travaux universitaires ont été publiés dans Marx and Philosophy Review of Books, Research in African Literatures, Theology and Literature, Postcolonial Studies, Cultural Studies, Clio : A Journal of Literature ; History, and the Philosophy of History ; Amerikastudien/American Studies ; The Journal of North African Studies ; Critical Sociology ; Forum For Modern Language Studies ; the European Journal of Cultural and Political Sociology ; Mediterranean Politics, Prose Studies : History, Theory, Criticism ; et le Journal of Advanced Military Studies.

Le CairecensureÉgypteel-Sissioppression du gouvernementemprisonnementrévolutionnaires

Laissez un commentaire

Votre adresse électronique ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'un *.