Le 44ème CINEMED fest à la Fête Simone Bitton & Abdellatif Kéchiche

5 octobre, 2022 -

 

Le maire de Montpellier, Michel Delafosse, au centre, avec à sa droite le président du CINEMED, Leoluca Orlando (photo Jordan Elgraby).

 

Jordan Elgrably

 

Tout comme les événements en direct, y compris les concerts et les spectacles comiques, sont restés longtemps morts dans l'eau à cause du Covid, le cinéma s'est retrouvé une espèce en voie de disparition. Les salles de cinéma sont restées vides pendant près de deux ans et, de nos jours, leur taux d'occupation est généralement de 30 % - en Europe en tout cas - de sorte que les cinéastes ont non seulement du mal à obtenir des financements et à faire produire leurs films, mais dépendent aussi de plus en plus de la vente de vidéos à la demande pour que leurs œuvres puissent trouver un public. Si, à première vue, cela permet une distribution plus démocratique (davantage de personnes sont connectées à Internet de nos jours en raison de la pandémie), la beauté du cinéma se trouve toujours assise dans une salle spacieuse, remplie d'autres cinéphiles.

Regardons les choses en face, regarder sur le petit écran ou sur un appareil portable a rétréci notre monde, et a mis en danger le7e art.

La réalisatrice franco-marocaine Simone Bitton et le réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kéchiche,

C'est pourquoi je m'anime à l'idée d'assister à un festival de cinéma, et la 44e édition de CINEMED à Montpellier vient de tenir sa première conférence de presse ce matin, afin de discuter de la liste des films et des cinéastes (des dizaines) qui seront présentés du21 au29 octobre. Parmi les rétrospectives de cinéastes, des projections seront consacrées à la documentariste franco-marocaine Simone Bitton et au réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kéchiche, ainsi qu'au réalisateur espagnol Icíar Bollain. Bitton, pacifiste réputée, est arabe et juive et a consacré une grande partie de sa carrière aux opprimés, dont les Palestiniens, et au soutien de l'entente entre musulmans et juifs.

CINEMED, pour ceux qui ne le connaissent pas, projette un large éventail de films du pourtour méditerranéen et des pays voisins, dont une grande partie de l'Europe du Sud, du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Il s'agit d'un événement véritablement démocratique et interculturel, débordant de joyaux cinématographiques.

J'ai assisté pour la première fois à CINEMED en 2017, lorsque l'axe central du festival était l'Algérie et ses cinéastes. J'ai eu l'occasion de voir des films que je n'aurais probablement pas trouvés facilement dans les cinémas locaux, et j'ai parlé avec une poignée de jeunes réalisateurs, parmi lesquels Amel Blidi, Sofia Djama, Damien Ouniri, Lyes Salem et Karim Moussaoui. "La communauté internationale s'intéresse à la production cinématographique algérienne depuis la fin officielle de la décennie noire", écrivais-je à l'époque. "Plusieurs réalisateurs ont affirmé qu'ils sont devenus cinéastes par un besoin presque impérieux de partager les histoires algériennes avec le monde."

Outre Bitton et Abdellatif, d'autres cinéastes arabes seront présents à CINEMED lors des projections de leurs films, notamment Mounia Meddour, Rachida Brakni, Ramzi Ben Sliman, Erige Sehiri, Rachid Bouchareb et Roschdy Zem. Plusieurs projections seront des avant-premières.

"Il faut défendre la culture", a insisté le maire de Montpellier, Michel Delafosse, lors de la conférence de presse de ce matin. Fervent défenseur de la construction de ponts culturels, il a ajouté : "Il est inconcevable d'avoir peur des autres, au contraire, il faut aller vers eux." Delafosse a critiqué les politiques illibérales et xénophobes de Vladimir Poutine et du Hongrois Viktor Orban, tandis qu'un autre intervenant sur l'estrade, Leoluca Orlando, a interpellé le nouveau Premier ministre italien attendu, l'extrême droite Giorgia Meloni, en déclarant : "Il y a un problème à notre époque avec la liberté, et c'est notre chance de la soutenir." Orlando, l'ancien maire de Palerme, est le président invité de CINEMED cette année.  

Visitez le site CINEMED pour plus de détails, et si vous êtes à Montpellier cette saison, je me réjouis de vous voir dans une salle de cinéma, bientôt.

 

Jordan Elgrably est un écrivain et traducteur américain, français et marocain dont les récits et la textes créatifs ont été publiés dans de nombreuses anthologies et revues, comme Apulée, Salmagundi et la Paris Review. Rédacteur en chef et fondateur de The Markaz Review, il est cofondateur et ancien directeur du Levantine Cultural Center/The Markaz à Los Angeles (2001-2020). Il est l'éditeur de Stories From the Center of the World : New Middle East Fiction (City Lights, 2024). Basé à Montpellier, en France, et en Californie, il écrit sur Twitter @JordanElgrably.

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