Bel Parker a entendu des histoires autour d’un feu de camp dans les déserts de Siwa. Elle est convaincue que « l’histoire a changé au cours de son voyage depuis la bouche du conteur » jusqu’à ses mots écrits. Elle pense qu’une mauvaise traduction aurait pu apporter de nouvelles couleurs et de nouveaux détails et « éloigner l’histoire de la “relecture fidèle” qu’elle souhaitait ». Parker a écrit The Butcher’s Assistant — A True Story Set in Alexandria (L’assistante du boucher — Une histoire vraie se déroulant à Alexandrie) sur le travail dans un farargi dans le quartier de Kom el-Dika.
Bel Parker
L’histoire commence avec un pauvre tailleur. Sa petite boutique n’était qu’une boutique parmi d’autres dans une rue de tailleurs qui avaient tous connu des temps meilleurs. Un jour, le tailleur décida qu’il en avait assez et résolut d’aller chercher fortune ailleurs. Il prépara un petit sac avec quelques objets pour le voyage, dont une petite assiette en terre cuite que sa mère lui avait fabriquée. Puis il ferma sa boutique et fit ses adieux à tous les autres tailleurs. Ceux-ci se moquèrent en voyant sa silhouette disparaître. Que pouvait-il bien espérer trouver ?
Le pauvre tailleur voyagea encore et encore, sans jamais se reposer. Après un long et difficile voyage, il tomba enfin sur une île magnifique. Elle était verte et fertile, avec des rivières sinueuses et des arbres chargés de fruits. Lorsqu’il regarda attentivement les pierres et les cailloux sous ses pieds, il vit qu’ils étaient mouchetés d’or. De vrais morceaux d’or.
Les habitants de l’île étaient des gens heureux et généreux. Ils avaient une forme humaine, à l’exception de leurs yeux — ils n’en avaient qu’un seul chacun ! Les habitants de l’île furent émerveillés et ravis par le deuxième œil du tailleur, et ils en firent rapidement leur roi. Il vécut dans un palais d’or et se régala chaque jour de viandes, de poissons et de fruits délicieux. Chaque soir, il organisait des fêtes dans son palais pour les habitants de l’île, avec des chants, des danses et beaucoup de vin. Il vécut ainsi sur l’île pendant 20 ans et fut très heureux. Cependant, après tout ce temps, il commença à avoir la nostalgie de son ancienne vie et de sa petite boutique de tailleur. Il décida de rentrer chez lui. Lorsqu’il annonça sa décision aux habitants de l’île, ceux-ci versèrent de nombreuses larmes de leurs yeux singuliers et l’accablèrent d’or pour qu’il l’emporte avec lui. Voulant les remercier de leur générosité, il leur donna la seule chose qu’il possédait : la petite assiette en terre cuite que sa mère avait fabriquée. Ils s’exclamèrent d’émerveillement devant ce cadeau étrange et magnifique et le renvoyèrent sur ses pas.
Lorsque le tailleur revint dans sa petite boutique bien-aimée, les autres tailleurs n’arrivaient pas à croire que l’homme qu’ils voyaient avait changé. Il leur parla de l’île, des richesses et de la vie heureuse qu’il avait vécue, et partagea avec eux l’or qui lui restait. L’un des autres tailleurs, avec qui l’histoire se poursuit, n’était pas satisfait de la portion d’or qu’il avait reçue et décida de se rendre lui-même sur l’île. Au cours des semaines suivantes, il travailla sans relâche pour confectionner de beaux vêtements qu’il pourrait offrir aux habitants de l’île en échange de l’or. Une fois les vêtements terminés, le second tailleur se mit en route pour un long voyage.
À son arrivée sur la belle île, les borgnes fêtèrent le second tailleur comme ils l’avaient fait pour le premier. Ils organisèrent une grande fête en son honneur et lui demandèrent de devenir leur roi. Savourant l’idée de dépenser son nouvel or devant les autres tailleurs, il refusa. Il sortit les vêtements qu’il avait confectionnés pour les insulaires. Ceux-ci poussèrent des cris de joie en touchant les soies fines et les velours. Le second tailleur observa leurs réactions avec satisfaction et pensa rêveusement aux montagnes d’or qu’il ne manquerait pas de recevoir. Une fois le festin et les danses terminés, le second tailleur se prépara au départ. Les habitants de l’île se réunirent pour discuter de la manière dont ils pourraient rembourser ce généreux étranger. L’or, si abondant dans ces contrées, n’était certainement pas assez précieux. Les bons habitants de l’île offrirent donc au second tailleur leur objet le plus précieux : une petite assiette en argile.
