En direct de Gaza /4

22 janvier 2024 -
Ne croyez rien du matraquage médiatique selon lequel les FDI auraient réduit l'intensité de leurs frappes, alors que vous pouvez avoir accès aux récits d'un témoin oculaire basé au cœur de la guerre à Gaza. 

 

Hossam Madhoun

 

Jour et nuit

Je me réveille à 6h30 tous les jours. Mon hôte est extraordinaire. À 6 heures, il est dans la cour sur le côté de la maison en train d'allumer le feu, de préparer le petit-déjeuner et du thé chaud. Je n'ai pas le droit de partir sans avoir pris mon petit-déjeuner. Il s'enquiert de ma mère et demande à plusieurs reprises si elle ou moi avons besoin de quelque chose.

Départ à 8 heures pour le bureau de mon organisation, Ma'an Development Agency à Rafah. Salle comble, des gens venus de partout, d'une multitude d'associations sans bureau, essayant d'assurer le suivi de leurs interventions.

Rafah, qui comptait 170 000 habitants, en accueille aujourd'hui plus d'un million, dont au moins la moitié dans les rues. Ils construisent des tentes avec des bâches en plastique qui ne protègent ni du froid ni de la pluie. Mais c'est ce qui est disponible. Le marché du centre ville est surchargé. On a l'impression qu'un million de personnes sont rassemblées dans ce centre ville. 

Je me suis rendu compte qu'il y a beaucoup de travail à faire en plus du soutien psychosocial : nous distribuons de la nourriture, nous construisons des cuisines et distribuons des repas chauds, nous distribuons des kits d'hygiène et de dignité aux personnes déplacées, nous distribuons des réservoirs d'eau pour les abris et pour les personnes déplacées qui se sont rassemblées au hasard des événements, nous distribuons des vêtements pour les enfants, et nous essayons d'apporter de meilleures tentes aux gens, nous employons du personnel pour nettoyer les écoles et notamment les toilettes, tous les jours. Tout cela, en plus de ce que fait l'UNRWA, ainsi que ce qu'offrent toutes les organisations humanitaires, ne répond en fait pratiquement à aucun des réels besoins des gens. Avec l'arrêt de la vie normale, personne n'a de revenu à Gaza, tout ce que ces 2,2 millions de personnes recherchent, c'est un abri et de la nourriture. Mais surtout, les gens ont besoin de sécurité et de dignité. Et cela n'existe plus ici. 

J'ai été impliqué dans tout cela en tant que membre de l'équipe d'urgence de Ma'an. Je n'ai pas la possibilité de réfléchir à quoi que ce soit. C'est comme travailler dans une ruche. Mais je ne peux pas rester au bureau plus de cinq heures, je dois retourner auprès de ma mère qui s'affole si elle ne me trouve pas près d'elle à 14 heures.

À la maison, ma mère se doit de me reprocher mes retards, que je le sois vraiment ou que je sois en avance. Je lui donne ce dont elle a besoin, puis j'essaie de me reposer.

Le repos !!! Je déteste ça. Alors que j'essaie de me reposer, les pensées commencent à fuser. Qu'est-il arrivé aux familles de mon frère et de ma sœur ? Sont-ils en vie ? Ont-ils survécu ? Peut-être que certains sont morts et que d'autres ont survécu. Ma femme Abeer et sa famille, aucun contact depuis trois jours. Demain, j'irai à Nuseriat demain pour prendre de leurs nouvelles. Je voulais y aller plus tôt, mais je n'ai pas pu.

Quand est-ce que ce cauchemar prendra fin ? A-t-il une fin ? Quelle sorte de fin ? À quoi ressemblera la vie à la fin, avec des villes et des villages complètement détruits ? Qui sera l'autorité dirigeante ? Une nouvelle occupation militaire israélienne ? L'autorité corrompue de Ramallah ? Encore le Hamas ?

J'ai beau essayer de m'occuper de la famille qui m'accueille pour éviter de penser, la nuit tombe quand même. Les idées noires m'envahissent, je m'endors je ne sais pas comment, et je me réveille le matin si fatigué, comme si je n'avais pas dormi ou ne m'étais pas reposé du tout



Horreur et soulagement

Cela fait six jours que nous sommes sans nouvelles des familles de mon frère et de ma sœur, depuis que mon neveu m'a dit que le bâtiment situé derrière chez eux avait été bombardé et s'était effondré sur leur maison. Je ne sais pas s'ils sont à l'intérieur ou s'ils sont partis avant. Je n'ai pas cessé d'essayer de les joindre, mais les communications entre le sud et le nord sont coupées.

Aujourd'hui, encore d'horribles nouvelles : le matin, en appelant ma fille au Liban (ce qui est beaucoup plus facile que d'appeler ma femme dans la centre de l'enclave) elle m'a dit que sa mère, ma femme, Abeer, est paniquée. Elle a vu une vidéo d'une personne blessée emmenée à l'hôpital Al Aqsa, morte avant d'atteindre la salle d'opération, et elle pense qu'il s'agit de son frère. Elle a partagé la vidéo avec moi. Il n'y a aucun moyen de dire qui est cette personne, son visage était en grande partie couvert, son corps est similaire à celui du frère de ma femme, mais attendez une seconde ! 

Le frère de ma femme se trouve à Gaza City, et même s'il est blessé, il ne sera pas transporté à l'hôpital Al Aqsa, dans le centre. La route entre Gaza City et le centre de l'enclave est complètement coupée depuis plus d'un mois et demi. 

J'appelle Abeer, mais je n'arrive pas à la joindre. Elle a dit à Salma qu'elle se rendait à l'hôpital Al Aqsa pour vérifier. J'ai appelé mon neveu, le fils de mon autre frère qui est réfugié dans cet hôpital avec sa famille. Après plusieurs tentatives, j'ai fini par le joindre. Je lui ai demandé de se rendre à la morgue pour vérifier si le frère d'Abeer figurait parmi les martyrs. Il rappelle au bout d'une heure. Il dit que les 30 corps arrivés hier et ce matin n'ont pas de nom et qu'il ne connaît pas le frère de ma femme et qu'il ne peut donc pas l'aider. Pourtant, il continue à parler. Il dit qu'il a enfin reçu des nouvelles de Gaza City : mon frère, ma sœur et leurs familles sont sains et saufs. Ils ont quitté leur maison un jour avant l'invasion de la zone et avant le bombardement du bâtiment situé derrière leur maison. 

"Comment le sais-tu ?", je demande à mon neveu.

Un voisin possédait une carte SIM de Cellcom, une société israélienne de télécommunications. Il a appelé mon neveu et lui a dit que mon frère était allé dans une école-abris éloignée de la zone et que ma sœur s'était rendue dans une autre, dans le nord.

Je continue d'appeler Abeer sans succès. J'ai contacté ma fille Salma. Finalement, Abeer l'a appelée et lui a dit que le corps qu'elle croyait être celui de son frère n'était pas son frère, même si elle n'avait aucune nouvelle de lui depuis plus d'un mois.

Un peu de répit après l'angoisse et l'horreur. Gardons espoir.

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Khaled Hourani - Waiting in Line
Khaled Hourani, né en 1965 à Hébron, réside à Ramallah, où son art reflète les complexités du conflit israélo-palestinien. En tant qu'ancien directeur artistique et cofondateur de l'Académie internationale d'art - Palestine, il a joué un rôle essentiel dans le développement de la créativité chez les Palestiniens. (Avec l'aimable autorisation de Khaled Hourani)

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Supplice

Aujourd'hui, je suis allé à Sawarha pour voir ma femme Abeer et lui apporter de la nourriture et des produits d'hygiène, qu'il est devenu très difficile de se procurer à Sawarha. J'ai quitté mon domicile à 8h30.

A Rafah, la foule est incroyable. Se déplacer, marcher cent mètres, prend au moins dix minutes. Une ville de 200 000 habitants, avec des infrastructures très fragiles, a accueilli un million de personnes. (J'écrirai plus tard sur la Rafah d'un autre temps).

Je cherche un taxi pour Sawarha. Le coût normal d'un taxi est de 1,5 dollar. Le premier taxi m'a demandé 150 dollars. Je l'ai quitté pour un autre, en négociant le prix, finalement il n'y en avait pas de moins cher que 65 dollars à condition que le chauffeur prenne d'autres passagers sur le chemin. Je n'ai pas le choix. Nous nous mettons en route. Trente minutes pour sortir de la ville en direction de Khan Younis, mais sans vraiment atteindre Khan Younis en raison de l'invasion israélienne. Avant d'atteindre la ville, le chauffeur a pris des routes que je ne connaissais pas, jusqu'à ce que nous atteignions la route côtière. 

Des tentes partout, des gens partout, des vendeurs ambulants de produits alimentaires provenant de l'aide humanitaire, cela rend la route très fréquentée et encombrée. À de nombreuses reprises, la voiture s'est déplacée aussi vite qu'uun homme qui marche. Nous avons atteint Deir Al Balah, puis Zawaida, puis Sawarha. Une distance de moins de trois kilomètres a pris plus d'une heure vingt. Une longue file de voitures, de camions, de charrettes tirées par des ânes. Tous les types de véhicules sont remplis de personnes, de matelas, d'affaires, de bouteilles de gaz de cuisine, de jerrycans pour l'eau, de farine à pain, de véhicules pleins à craquer, d'affaires attachées avec des cordes. Evacués de Nuseirat, tous se dirigent vers le sud. 

L'image ressemble à celle du Jugement dernier. Les gens ont l'air très fatigué, complètement désespéré, très sale. Les hommes ne sont pas rasés, les jeunes enfants pleurent partout, ils ont très peur. On peut sentir la peur. On peut toucher la peur. Ils se rendent à Rafah, sans savoir ce qu'ils vont y faire. Tout le monde sait que Rafah pleine à ras bord, non seulement les maisons, les immeubles ou les administrations publiques, mais les rues, les parcs, les routes secondaires sont aussi remplis de tentes et de gens. Ils fuient les bombardements et l'invasion militaire. Ils fuient pour avoir la vie sauve mais sans savoir où ni ce qui pourrait leur arriver. 

Des bénévoles tentaient de faciliter la circulation, mais c'était mission presque impossible. Certaines voitures se sont arrêtées en raison de problèmes de moteur, il n'y a pas de routes secondaires pour les pousser hors de la voie. La route passe également devant des écoles-abris situés sur la route de la mer, ce qui rend les choses encore plus difficiles. Des centaines de vendeurs ambulants se trouvent devant ces écoles, des milliers de personnes entrent et sortent, ce qui bloque la route. J'ai peur d'être en retard. Je dois être de retour à 13 heures, sinon ma mère va s'inquiéter.

De Rafah à Sawarha, il faut normalement 20 minutes, même avec les embouteillages habituels. Arrivé à 11h30. Sawarha était calme. C'est à 2,5 km du centre de Nuseirat, mais l'invasion se poursuit. L'armée israélienne a commencé l'invasion dans une petite partie de Nuseirat il y a deux semaines. Aujourd'hui, elle a presque envahi tout le camp, laissant derrière elle d'énormes destructions et des centaines de personnes tuées. Bombardements, tirs d'obus, tirs intensifs. 

J'ai convenu avec le chauffeur de taxi de m'emmener à Sawarha puis de me ramener à Rafah, et j'ai donc vu Abeer moins de dix minutes. J'ai pris de ses nouvelles et des nouvelles de la famille. Tout le monde est encore en vie, mais personne ne va bien.

Buddy, mon chien, était si heureux de me voir. Moi aussi, j'étais très heureux de le voir. Il n'arrêtait pas de sauter sur moi et de courir partout. Je ne veux pas partir. Je veux rester avec ma femme et mon chien. Je veux rentrer à la maison. Je veux me poser, m'allonger sur mon lit ou m'asseoir sur mon balcon avec ma femme, ma fille et mon chien, comme nous le faisions tous les soirs, en prenant un café. J'ai besoin de repos et de tranquillité. Rien de plus.

J'ai parlé avec Abeer du plan pour leur arrivée à Rafah. Ses parents refusent catégoriquement de partir tant qu'ils n'auront pas vu tous les habitants de la région partir. Abeer ne peut pas les laisser seuls. Je ne sais pas quoi faire. Quelle situation compliquée ! Essayer de les convaincre ne sert à rien. Je comprends qu'ils en aient assez de déménager et d'être déplacés. Ils sont trop vieux pour un nouveau supplice. C'est leur seule façon de montrer qu'ils n'abandonnent pas. Le temps presse. Il me faudra encore au moins deux heures pour retourner à Rafah, auprès de ma mère. Je dépose les affaires à la porte d'entrée et je pars après m'être mis d'accord avec Abeer pour continuer à communiquer par téléphone. 

Le voyage de retour vers Rafah s'est déroulé de la même manière, avec la même foule, les mêmes personnes abattues, la même circulation de personnes déplacées dans des voitures et des véhicules remplis de produits de première nécessité, avec des centaines de vendeurs ambulants de produits d'aide alimentaire, dans un supplice total.

 



Retour à Sawarha

Jeudi, je suis allé à Sawarha avec des provisions pour ma femme et sa famille - de la nourriture et des articles d'hygiène.

Vendredi, Abeer a appelé, très anxieuse et paniquée. A Nuseirat, près de Sawarha, les bombardements, les tirs d'obus et les frappes aériennes n'ont pas cessé. Les gens ont commencé à évacuer la région. Des bombes ont été lancées au hasard près de la maison, Abeer et sa famille n'ont pas dormi. Aux dernières nouvelles, la route de la mer est sûre du nord au sud, mais personne n'est autorisé à se déplacer du sud au nord ou dans le centre de l'enclave. 

Ils ne peuvent pas partir seuls. Notre voiture est là, mais sans carburant. J'ai passé la journée à chercher six litres d'essence, juste assez pour aller de Sawarha au sud de Rafah. Même en sachant le risque que je vais prendre en allant au nord, l'idée de ne pas y aller ne m'a pas effleuré l'esprit. Ils ne peuvent pas y arriver, ils sont dix : trois enfants, quatre femmes, un vieil homme et un jeune homme paralysé par la peur, je sais qu'il ne pourra pas m'aider. Je n'ai pas pu obtenir le carburant avant 21 heures, même sans chercher à négocier le prix (le prix normal est de 2 dollars le litre, j'ai payé 34 dollars le litre pour six litres).

Un ami d'Abu Khaled, son partenaire commercial, un homme que je n'avais jamais rencontré auparavant, a proposé de m'emmener dans sa mini-jeep pour aider à amener la famille et tous les biens que nous pouvons emporter, comme des matelas, des couvertures, de la nourriture, du gaz de cuisine, une bouteille de gaz et le gaz lui-même, ainsi que des ustensiles de cuisine. Si nous ne les emportons pas avec nous, nous ne les trouverons pas à Rafah.

Je ne le remercierai jamais assez. Il connaissait les risques. Il pouvait perdre sa voiture dans un bombardement, mais il n'a pas hésité. Il m'a même dit que le plein était fait, donc que je ne devais pas m'inquiéter.

En roulant très tôt samedi matin à 6 heures, la route principale entre Rafah et Khan Younis est complètement vide. Évitant la ville elle-même en raison de l'invasion militaire, nous tournons à l'ouest deux kilomètres avant en direction de la route de la mer.

Depuis que je suis venu il y a deux jours, de nouvelles maisons et de nouveaux bâtiments ont été détruits. Certaines routes étaient presque bloquées par les décombres. Mais nous avons réussi.

Le long de la route de la mer, du mouvement : toutes sortes de voitures, de véhicules, de camions, de jeeps, remplis d'effets personnels et de personnes se dirigent vers le sud. Certaines personnes sont dans les rues. Nous roulons en nous attendant au pire, mais nous n'avons pas le choix. Nous continuons. À Deir Al Balah, la ville du centre, une énorme foule bloque la route, s'agite dans tous les sens, tous à la recherche de ce qu'on appelle communément la sécurité et un abri. Beaucoup n'y parviennent pas.

Normalement, il n'y a que 22 km entre Rafah et Sawarha et le trajet dure 30 minutes, mais aujourd'hui, c'est différent. Ils dormaient après que les bombardements, les obus et les tirs intensifs ont secoué la maison toute la nuit. Ils se sont endormis de fatigue et de peur. Ce qui est bien, c'est qu'ils avaient tout préparé. Tout ce qu'ils devaient emporter était emballé et prêt à être chargé dans les voitures. J'ai mis l'essence dans notre voiture, j'ai emballé les affaires, j'ai réparti tout le monde dans les deux voitures et j'ai commencé le voyage vers Rafah. Rafah, où il n'y a plus de place nulle part.

Rafah, la dernière ville du sud de Gaza avec des frontières avec l'Égypte, habitée par 200 000 personnes et dotée d'infrastructures médiocres, comme toutes les villes et tous les camps de la bande de Gaza. Aujourd'hui, elle accueille un million deux cent mille personnes. Ne me demandez pas comment. Certainement pas dans les maisons, elles sont complètement pleines. Où que l'on regarde, dans chaque espace libre, au bord de chaque route : des tentes, toutes sortes de tentes, des tentes (bonnes) reçues d'organisations d'aide humanitaire, des tentes faites de feuilles de plastique et de nylon, des tentes faites de morceaux de tissu. Plus d'un million de personnes dans des tentes - sans toilettes. Les gens, principalement des femmes, frappent aux portes pour demander à utiliser les toilettes, les hommes font la queue pour utiliser celles des mosquées. Sans aucune installation, devant certaines tentes, les gens font de petits feux pour se chauffer ou cuisiner. Des centaines de familles dans les rues n'ont pas reçu de tente. Elles n'ont pas d'argent pour acheter du bois et des feuilles de plastique pour en fabriquer une, ces matériaux bon marché sont devenus valent aujourd'hui plus que l'or pour les plus démunis. 

C'est ici, à Rafah, que je dois amener ma femme et sa famille. Je pense que j'étais un ange dans une autre vie, je ne sais pas. Je n'y crois pas vraiment. Mais j'avais prévu une réunion avec mon équipe, qui apporte un soutien psychosocial aux enfants dans les écoles-abris.. J'avais prévu de les voir samedi pour prendre de leurs nouvelles et leur apporter un peu de réconfort, pour savoir s'il y avait quelque chose que je pouvais faire pour faciliter leur travail. Mais j'ai appelé l'un d'entre eux pour lui demander de reporter la réunion à un autre jour. Je suis occupé à amener ma femme à Rafah. 

Ce merveilleux collègue de Rafah a commencé à appeler des gens, à la recherche d'un endroit où loger. J'étais sur le chemin du retour, près de Deir Al Balah, lorsqu'il m'a appelé pour me dire qu'il avait trouvé un magasin de 6 mètres sur 2,5 mètres de côté, avec des toilettes. C'est au centre de Rafah, au milieu du marché principal. Quelle chance ! Il se trouve à 15 minutes de marche de l'endroit où je loge chez Abu Khaled, à côté de l'hôpital Al Awda de Rafah. Nous sommes arrivés vers 14 heures. Devant le magasin, une maison bombardée, des gravats dans la rue. Le propriétaire avait fait venir des ouvriers pour nettoyer. La porte du magasin est endommagée. Il a fait venir un forgeron pour la réparer. La famille a attendu une heure dans les voitures jusqu'à ce que l'endroit soit presque prêt. Il reste encore quelques travaux à faire à l'intérieur, mais ce n'est pas grave, le frère d'Abeer s'en chargera. Ils étaient épuisés. Je leur ai apporté de la nourriture et je suis parti. Je ne pouvais pas rester plus longtemps. Je devais aller voir ma mère.

Deux heures plus tard, je suis passé voir comment ils allaient. C'est sûr, personne n'est content. Ils sont tous très fatigués. Même notre chien Buddy était silencieux, assis dans un coin, il n'est pas venu vers moi à mon arrivée comme il le ferait d'habitude. Cet endroit est un enfer. Pas beau, pas confortable, pas de lumière, quelques bougies, pourtant un million de fois mieux qu'une tente dans la rue. Je n'ai pas à me plaindre.

Je les ai quittés vers 17 heures. La nuit tombe. Je ne peux pas rester. Je dois être auprès de ma mère maintenant. 

Demain... une autre histoire

 

Hossam Madhoun est le cofondateur du théâtre pour tous de Gaza. Théâtre pour tous. La guerre à Gaza a rendu les productions impossibles. En tant que coordinateur de projet pour l'organisation locale à but non lucratif Ma'an Development Agency à Rafah, Hossam Madhoun et Jamal Al Rozzi, cofondateur du théâtre, consacrent désormais leur énergie à des programmes de thérapie pour les enfants traumatisés. Theatre for Everybody a établi un partenariat créatif avec Az Theatre à Londres depuis 2009. En Messages from Gaza NowHossam Madhoun a écrit sur sa femme Abeer, sa fille Salma et sa mère invalide, ainsi que sur leurs expériences et celles de leurs proches et amis pendant la guerre. Ces récits quasi quotidiens ont été recueillis et édités par le metteur en scène Jonathan Chadwick et l'actrice Ruth Lass, qui a récemment déclaré dans une interviewL'écriture de Hossam est étonnante, il est tellement ouvert et articulé, vulnérable et poétique dans sa façon d'écrire, ce qui est quelque chose qui devrait être partagé avec d'autres personnes. Vous ne trouverez rien de tel dans les médias grand public". Une lecture mise en scène de Les messages de Gaza Now #3dirigée par Chadwick, a été transformée en film par Jonathan Bloom, Nicholas Seaton et Maysoon Pachachi.

 

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