Les nations civilisées devraient boycotter la conférence des Nations unies sur le climat de cette année et sanctionner le régime génocidaire et écocidaire qui l'accueille.
Lucine Kasbarian
La pétro-dictature de l'Azerbaïdjan a reçu l'honneur d'accueillir la conférence des Nations unies sur le climat de cette année, qui se tiendra du 11 au 22 novembre et qui est également connue sous le nom de COP29. C'est la troisième année consécutive qu'un pétro-État est autorisé à superviser cette conférence, et ce après l'Égypte et les les Émirats arabes unis. Mais cette fois, c'est un régime des plus dangereux et des plus prétentieux qui est à la barre. L'Azerbaïdjan est classé 154e sur 180 pays dans l'indice de corruption par pays de Transparency International. Il se classe également 151e sur 180 pays dans l'indice de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Alors que les pays délégués qui ne boycottent pas cet événement se préparent à participer aux pourparlers de Bakou, la communauté internationale a une occasion précieuse de mettre en lumière le caractère profondément inadapté de l'Azerbaïdjan en tant que pays hôte de la COP29 et modèle écologique. Au contraire, le monde devrait l'éviter en tant qu'État paria qui viole ouvertement les décisions juridiquement contraignantes des tribunaux internationaux et devrait lui imposer des sanctions.
La COP29 est un autre "outil" de propagande de Bakou pour redorer/greenwasher son image. Parmi les autres événements internationaux que le régime corrompu d'Aliyev a utilisés pour renforcer son image, on peut citer la musique (en invitant des célébrités du milieu), le sport (en accueillant l'Euro de football), le secteur automobile (en accueillant les courses de Formule 1), la mode (en accueillant une Fashion Week) et, bien sûr, le lavage de cerveau (en diffusant sa propagande).
Médias d'entreprise, lobbyistes et acteurs complices sur la scène mondiale peuvent faire de leur mieux pour minimiser ou même désinformer le public sur les dépravations gouvernementales de Bakou. Néanmoins, violations flagrantes du droit international perpétrées par cet État totalitaire sont incontestables.
Le bellicisme de l'Azerbaïdjan, son accaparement des terres dans le Caucase du Sud, et son mépris total des traités et des accords, son bilan catastrophique en matière de droits de l'homme, sa démolition du patrimoine culturel arménien pour éliminer l'ancienne présence arménienne localement, ses actions destructrices de l'environnement naturel qu'elle détourne, notamment le doublement de la production de combustibles fossiles et de gaz au mépris des promesses du contraire, ses répressions brutales de la liberté d'expression, de réunion et d'activisme pour la paix, la torture des dissidents, ses prisonniers politiques, et les civils détenus illégalement, son népotisme et sa kleptocratie au pouvoir qui s'appuient sur la diplomatie du caviar, les stratégies de lobbying, le blanchiment d'argent et la promotion de la haine anti-arménienne institutionnalisée pour alimenter son moteur politique - tout cela le disqualifie de pouvoir tirer profit de l'exposition médiatique internationale que représente l'accueil de la COP29.
Sans relâche, les rapports des médias nous montrent que soutenir la liberté d'expression ou promouvoir le respect de l'environnement n'est pas un objectif sincère du régime d'Aliyev. Tout citoyen azéri qui exerce librement ses droits en tant que journaliste ou ose protester contre l'absence de liberté d'expression, l'exploitation des ressources naturelles qui se traduit par des déchets industriels qui empoisonnent les lacs à haute dose, polluent l'air, ou menacent le paysage, peuvent être harcelés, passés à tabac, arrêtés ou pire. Apparemment, la seule chose que les citoyens d'Azerbaïdjan sont autorisés à exprimer est une haine envers les Arméniens.
Cet automne marque l'anniversaire de l'anéantissement, sous l'égide de l'Azerbaïdjan, de la présence arménienne ancienne et continue sur le territoire arménien indigène d'Artsakh (alias Nagorno Karabakh), l'une des quinze provinces de l'Arménie médiévale.
L'Artsakh, qui n'a jamais été sous le contrôle d'un État azerbaïdjanais indépendant, a été en 2023 vidé de force de ses habitants sous les yeux du monde entier. Dans les années 1920, Staline, grand dictateur soviétique, a placé le territoire historiquement arménien de l'Artsakh (alors appelé un oblast autonome) sous contrôle administratif de l'Azerbaïdjan soviétique afin d'adoucir ses relations avec le dictateur turc Atatürk et de diviser pour mieux conquérir les peuples de l'Union. (Les Soviétiques ont également cédé l'Arménien Nakhitchevan à l'Azerbaïdjan).
Lors de l'effondrement de l'Union soviétique, le peuple de l'Artsakh, par référendum, a choisi à l'unanimité de rejoindre l'Arménie proprement dite.L'Azerbaïdjan a répondu par despogroms brutaux contre les Arméniens qui vivaient à Bakou, Soumgaït, Kirovabad et Maragha. Une guerre sanglante s'en est suivie et, en 1994, la république arménienne indépendante d'Artsakh a été créée et a été gouvernée pacifiquement pendant près de 30 ans. Pendant cette période, l'Azerbaïdjan s'est approvisionné en armes sophistiquées auprès de la Turquie, de la Russie et d'Israël. L'Azerbaïdjan a également importé des mercenaires djihadistes de Turquie, de Syrie et du Pakistan avant de lancer l'invasion de l'Artsakh en 2020. Pendant 44 jours, les Arméniens se sont battus tout seuls et ont enduré de nombreuses décapitations, viols, mutilations, passages à tabac sauvages dignes de l'Etat islamique, et une avalanche d'images de torture avant que la Russie ne négocie un cessez-le-feu qui a vu la majeure partie de l'Artsakh passer sous occupation azérie.
En vertu d'unun accord de cessez-le-feu tri-latéral signé le 9 novembre 2020, des forces de maintien de la paix russes ont été installés le long des frontières de ce qui reste de l'Artsakh arménien. Toutefois, ces troupes n'ont rien fait pour empêcher l'Azerbaïdjan de bafouer les accords juridiquement contraignants. En fermant les yeux, la Russie a permis à l'Azerbaïdjan d'amasser des voyous sur la seule voie de transport reliant l'Artsakh à l'Arménie et d'imposer un siège de neuf mois pour cause de famine.
Les appels à l'aide arméniens aux États-Unis, auprès de l'Occident, des Nations Unies et des tribunaux internationaux n'ont rien donné. Encerclés par l'armée azérie, avec des réserves alimentaires qui s'amenuisent, sans accès aux médicaments ni aux traitements médicaux, au carburant ou à l'électricité, les Arméniens étaient confrontés à deux choix : la mort ou le déplacement. Un bombardement azéri et l'expulsion forcée de l'ensemble de la population arménienne sont survenus le 20 septembre 2023, coïncidant cruellement avec le jour de l'indépendance arménienne.
L'Azerbaïdjan a bafoué le droit international par ce blocus illégal, ce siège conduisant à la famine, l'invasion, l'occupation et le dépeuplement de l'Artsakh, l'emprisonnement de civils et la et la destruction massive et gratuite des sites du patrimoine chrétien arménien. Bakou a ignoré l'ordre juridiquement contraignant de la Cour internationale de justice (CIJ) de février 2023 "de "prendre toutes les mesures à sa disposition" pour permettre la libre circulation le long de la seule route entre l'Arménie et le Haut-Karabakh, ethniquement arménien". L'Azerbaïdjan a également ignoré l'arrêt de la CIJ de novembre 2023 qui demandait aux combattants azéris de "prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir et punir les actes de vandalisme et de profanation affectant les Arméniens d'Artsakhie". profanation affectant le patrimoine culturel arménien d'Artsakhian, y compris, mais sans s'y limiter, les églises et autres lieux de culte, les monuments, les points de repère, les cimetières et les objets d'art".
Ironiquement, le dictateur azerbaïdjanais a alloué 1 million de dollars au Programme des Nations unies pour les établissements humains, juste un jour avant qu'une mission de l'ONU ne se rende dans la région de l'Artsakh en octobre 2023. Les paumes suffisamment graissées, cette fausse mission a ensuite rapporté "qu'il n'y avait aucune irrégularité", malgré le dépeuplement de l'ensemble du territoire suite à l'invasion militaire de l'Azerbaïdjan. À ce jour, les crimes contre l'humanité commis par l'Azerbaïdjan n'ont fait l'objet d'aucune sanction ou conséquence au niveau mondial. Au contraire : un an après le nettoyage ethnique de l'Artsakh, ses instigateurs se retrouvent à accueillir la conférence des Nations unies sur le climat.
Pourquoi l'Azerbajian semble-t-il réussir à s'en sortir ? Tout d'abord, ils ont les poches profondes pour administrer les pots-de-vin, ce qui semble satisfaire de nombreux législateurs mondiaux. Deuxièmement, leur désir de creuser un corridor pan-turc s'étendant à l'est et sans interruption de la Turquie jusqu'à la Mongolie est un mouvement d'unification turque souhaité depuis longtemps et que l'Occident semble encourager, afin de mieux profiter de l'exploitation et du transport des ressources naturelles. Le seul obstacle physique (et spirituel) est l'Arménie et l'Artsakh.
L'Azerbaïdjan est l'un des principaux pollueurs de la planète en matière de dégâts causés à l'environnement et de combustibles fossiles, et pas plus tard qu'en 2020, lors de son invasion du Haut-Karabakh, l'Azerbaïdjan a utilisé l le phosphore blanc, reconnu dangereux pour l'environnement, comme arme chimique contre la population arménienne et leur environnement majoritairement forestier. Cela ne veut pas dire que les Azéris de souche sont à l'abri de la colère du régime d'Aliyev. Le comble de l'ironie est que lors de leur siège fatal, les auteurs du blocus aidés par le gouvernement azéri se sont fait passer pour des manifestants écologistes, alors que alors que les véritables manifestants contre la pollution mortelle et la destruction du climat en Azerbaïdjan sont persécutés et réduits au silence, en particulier les journalistes et les activistes qui se sont manifestés à l'aube de la COP29. Les authentiques défenseurs de l'environnement de l'Azerbaïdjan, dissidents de conscience, militants pour la paix et les journalistes indépendants sont harcelés, arrêtés sur la base d'accusations forgées de toutes piècestorturés et assassinés. Cette main lourde de l'autoritarisme n'a fait que se faire plus lourde à l'approche de la COP29.
Alors que plus de 100 pays participant à la COP28 ont souhaité l'abandon progressif des combustibles fossiles, l'Azerbaïdjan a redoublé d'efforts et augmenté sa production, dénigrant ainsi l'objectif même d'un tel rassemblement. En 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a signé un accord visant à doubler les achats de gaz azerbaïdjanais d'ici 2027. Au lieu de condamner l'agression azérie dans le Caucase du Sud, Mme Von der Leyen a déclaré qu'elle considérait l'Azerbaïdjan comme un partenaire fiable et digne de confiance dans la tentative de l'UE de se sevrer du gaz naturel russe à la suite de la guerre contre la Russie provoquée par l'OTAN en Ukraine. Comme l'a souligné le Financial Times et d'autres, l'Azerbaïdjan risque de devenir un canal pour l'exportation déguisée de carburant en provenance de Russie, simplement pour aider l'Europe à donner l'impression extérieure qu'elle boycotte le gaz russe.
À l'instar d'Erdogan, qui a l'habitude de lancer des flots de propagande, le belliciste Aliyev aspire à se présenter comme un pacificateur et un acteur mondial grâce à l'introduction récente de sa proposition de trêve COP, ou "journée de la paix", pendant la COP29. Paul Polman, ancien dirigeant d'Unilever et aujourd'hui militant pour le climat et la paix, a déclaré : L'idée d'une "trêve de la COP" est un coup de relations publiques profondément cynique de la part de l'Azerbaïdjan destiné à détourner l'attention du monde de son nettoyage ethnique du Haut-Karabakh l'année dernière. Il y a plus de 300 prisonniers politiques qui croupissent dans les prisons azerbaïdjanaises et encore plus de détenus qui sont des civils capturés". Entre-temps, Aliyev a souvent annoncé qu'il avait l'intention d'envahir l'Arménie proprement dite dès la fin de la COP29.
Aliyev n'a jamais caché qu'il convoitait l'Arménie souveraine elle-même, affirmant que l'ancienne Arménie squattait sur un fictif "Azerbaïdjan occidental". Ce n'est pas une mince affaire de la part du dirigeant d'un pays qui vient d'avoir 106 ans. Comme l'a déclaré la journaliste Lindsey Snell, "Nous devons prendre au sérieux la propagande apparemment ridicule de l'Azerbaïdjan. Car entre les mains d'un État agressif et voyou, même les affirmations les plus farfelues peuvent devenir des prétextes à des actions très réelles et très dangereuses."
Comme à son habitude, Lucine Kasbarian fait mouche lorsqu'il s'agit de démêler ou d'exposer l'hypocrisie politique et morale, en particulier celle de cette triade corrompue.
oui l'Azerbaïdjan d'Aliyev est un état génocidaire
Merci, Markaz Review, d'avoir publié cet excellent article de Mme Kasbarian.
Elle dénonce la tentative de ce régime criminel d'utiliser la COP29 pour blanchir son bilan abyssal.