Souvenez-vous à 18h07 et allumez une flamme pour Beyrouth

4 août 2021 -
Image de l'explosion du port de Beyrouth, avec l'aimable autorisation d'Abdulaziz Aldowaisan.
Image de l'explosion du port de Beyrouth, avec l'aimable autorisation d'Abdulaziz Aldowaisan.

Jordan Elgrably

Les horloges se sont arrêtées à 18h07 il y a un an aujourd'hui, lorsque Bahamut a frappé Beyrouth.

Un an après l'explosion du port de Beyrouth qui a fait plus de 200 morts, quelque 7 000 blessés et 10 000 Beyrouthins qui ont perdu leur maison — sans parler de l'impact économique de l'explosion — très peu de choses ont été faites pour remédier à cette catastrophe. Qui est responsable ? Quand y aura-t-il restitution ? Quelles leçons le Liban doit-il tirer de cette catastrophe inimaginable ? Le pays traversait déjà une crise économique, marquée par la révolution d'octobre 2019. La vie était incroyablement difficile avant l'explosion : la question est de savoir comment le Liban avance.

C'est un petit geste de solidarité, mais le barreau de Montpellier, de concert avec son affilié national, la CNB (Conférence nationale des barreaux) et la Fédération des Barreaux d'Europe, a fait venir des avocats par avion pour montrer son soutien aux avocats du Liban en les rejoignant à Beyrouth.

Après une récente rencontre avec les jeunes avocats du Liban sur l'engagement des avocats envers le peuple et l'Etat de droit — au cours de laquelle le président du CNB, Jérôme Gavaudan, a déclaré que les avocats sont une « sentinelle de l'Etat de droit et de la démocratie », la délégation française, aux côtés des avocats libanais, s'est rendue en robe de l'Auditorium de la Maison de l'Avocat au Palais de Justice de Beyrouth. Il s'agissait peut-être d'une marche purement symbolique, mais en présence du bâtonnier de l'ordre des avocats de la capitale libanaise, Melhem Khalaf, les avocats français ont dénoncé la corruption libanaise et réclamé justice pour les victimes de l'explosion.

Les familles des victimes de l'explosion continuent de se battre pour obtenir justice, mais comme le rapportait France 24 le 31 juillet, « un an après l'explosion, qui a fait 218 morts et 7 000 blessés, aucune des familles des victimes au Liban n'a été invitée à témoigner. Elles n'ont pas non plus reçu la moindre forme d'excuses officielles ni même été contactées par les autorités libanaises. »

Entre-temps, comme l'a récemment rapporté Human Rights Watch, 25 membres du Congrès ont demandé à l'administration Biden de soutenir une enquête menée par les Nations Unies sur les causes de l'explosion catastrophique.

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La ribambelle d'avocats s'est dirigée vers le siège des pompiers et le port de Beyrouth, où les ravages du 4 août 2020 sont encore bien visibles. Étaient présents à la marche Dominique Attias, président de la Fédération des Barreaux d'Europe ; Jérôme Gavaudan, président du CNB ; Hélène Fontaine, présidente de la Conférence des Bâtonniers ; Marie-Aimée Peyron, vice-présidente du CNB ; Nicolas Bedel de Buzareingues, bâtonnier de Montpellier ; Serge Deygas, bâtonnier de l'Ordre des avocats de Lyon ; Vincent Maurel, représentant du bâtonnier de l'Ordre des avocats des Hauts-de-Seine ; Martin Pradel, président de la Commission de l'exercice de la profession d'avocat du Conseil National des Barreaux ; et Amine Faraj, avocat au barreau de Montpellier.

Engagés auprès des victimes de la catastrophe, les avocats du Liban appellent tous les bâtonniers du monde à illuminer les palais de justice aux couleurs du Liban pour ce premier anniversaire fatidique de l'événement, et le bâtonnier de Montpellier Amine Faraj a déclaré qu'en effet, aujourd'hui, « Tous les barreaux de France allumeront une flamme devant le drapeau du Liban à 18h07 précises, heure locale de l'explosion, ainsi qu'une banderole sur laquelle on peut lire "Justice et paix pour le Liban". »


Le premier numéro de TMR, publié le 15 septembre 2020, était consacré à Beyrouth.

Jordan Elgrably est un écrivain et traducteur américain, français et marocain dont les récits et la textes créatifs ont été publiés dans de nombreuses anthologies et revues, comme Apulée, Salmagundi et la Paris Review. Rédacteur en chef et fondateur de The Markaz Review, il est cofondateur et ancien directeur du Levantine Cultural Center/The Markaz à Los Angeles (2001-2020). Il est l'éditeur de Stories From the Center of the World : New Middle East Fiction (City Lights, 2024). Basé à Montpellier, en France, et en Californie, il écrit sur Twitter @JordanElgrably.

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